Pendant que les groupes désarmés de la laïcité résiduelle attendent l'improbable retour au week-end universel comme d'aucuns attendent le Mehdi, d'autres avancent. Les Emirats arabes unis et Bahreïn ont adopté le repos hebdomadaire du samedi. Ce n'est pas tout à fait ça mais c'est mieux que les espoirs insensés formulés de-ci de-là.Les émirs ont donc donné le signal de ce qui pourrait être un mouvement de remise en cause des acquis. Certes, la sacro-sainte journée du vendredi n'est pas remise en cause mais elle perd le jeudi, ce qui n'est pas rien. Mais il faudra compter avec les autres acquis plus irréversibles que ceux du socialisme, comme le droit au bruit et au franchissement des lignes continues (1). Nous qui avons adopté le week-end islamiste par volonté de suivre les autres, ferons-nous le même chemin cette fois-ci ? Aurons-nous enfin un jour de repos moins lugubre et moins ennuyeux ? Nous avons hélas une trop forte résistance aux changements salvateurs. D'accord pour la prolongation du permis de tuer à points, d'accord pour étouffer les protestations des victimes du terrorisme mais pour le reste. Comment se résoudre à sacrifier le jeudi qui est après tout la veille du vendredi et donc son passage obligé ? C'est d'ailleurs ainsi que l'a compris cet imam du vendredi qui a été le seul à manifester publiquement son opposition à la suppression du jeudi. C'est du moins ce qu'avance le quotidien Al-Khalidj qui a salué l'évènement samedi dernier. "Désormais, le samedi est une journée sympathique et chère à nos cœurs, contrairement à l'opinion que nous en avions." A en croire notre confrère, tout le monde est content dans les Emirats à l'exception de cet imam grognon de Bahreïn confiné dans l'anonymat par le quotidien. Pour expliquer son hostilité au nouveau week-end qui coupe la poire en deux, il n'a pas invoqué le Coran ou des Hadiths oubliés. Il a usé simplement d'une logique, disons cartésienne, en avançant cette explication limpide : il est contre la suppression du jeudi parce que c'est devenu une journée de travail ordinaire. Or, c'est ce jour-là qu'il prépare son sermon du vendredi. Nous ne mettrons pas cet imam dans la gêne en lui demandant ce qu'il fabrique durant ses journées de travail. Quant aux autres catégories professionnelles, il semble que l'opposition au changement ait été assez forte chez les fonctionnaires des Emirats, rapporte Al-Khalidj. Une consultation organisée par le gouvernement il y a quelque temps a montré une majorité favorable au maintien du week-end arabo-islamique. Certains ont vu dans le projet de changement un résultat de l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis et Bahreïn. D'autres sont allés beaucoup plus loin en dénonçant le "complot contre l'Islam" qui vise à supprimer le vendredi. En dépit de ces considérations, le gouvernement a opté pour le passage en force et a décidé de mettre en application le nouveau week-end dès le 1er septembre. Ce qui fait dire au quotidien des Emirats que les autorités ont agi suivant le principe cher aux gouvernants arabes : "Dites ce que vous voulez, nous ferons ce que nous voudrons." Et notre confrère de noter que la décision est sans doute mieux passée parce que tout le monde a eu droit à un week-end de trois jours avec le dernier jeudi du mois d'août. Alors, à vos agendas, messieurs les décideurs ! La suppression du jeudi, jour de repos, dans les Emirats suit d'ailleurs de près la disparition de Pluton du système des planètes. L'éviction de Pluton met Zaghloul Nadjar dans une position intenable en battant en brèche ses théories fumeuses sur le cosmos et l'univers. Pour les non-initiés, Zaghloul Nadjar se présente comme astrophysicien et défend la théorie du Coran, livre de recettes scientifiques. Il prévoit notamment, sur la base de sa lecture personnelle du Coran, que les déserts du Moyen- Orient reverdiront un jour. Ces "vérités scientifiques" du Coran, dites par Nadjar, sont fortement contestées par le journaliste et écrivain égyptien Khaled Mountassar. Ironisant sur les récents déboires télévisuels du pseudo-scientifique, notre confrère note que Zaghloul Nadjar a essuyé un premier échec avec son pseudoenregistrement du son produit par l'étoile du matin (Tarek en arabe). Il affirme, en effet, avoir été le seul être au monde à réussir un enregistrement du bruit occasionné par le passage de cette étoile. Ces élucubrations ont été réfutées par des scientifiques renommés qui ont opposé à Nadjar l'impossibilité d'entendre de pareils sons dans l'espace et, a fortiori, de les enregistrer. Impitoyable, Khaled Mountassar, ajoute: "Comme si cet échec ne suffisait pas pour l'abattre, un collège de scientifiques mondiaux lui a donné le coup de grâce. Il a exclu Pluton de notre système planétaire pour "délinquance" (2). Or, Zaghloul Nadjar a étayé sa théorie des "Onze planètes" par la Sourate de Joseph (3)." "Or, rappelle Khaled Mountassar dans le magazine Elaph, il y a à peine trois mois, et suivant les mêmes théories, Zaghloul Nadjar affirmait dans Al- Ahramque le système des planètes était immuable et qu'on ne pouvait ni y ajouter ni en retrancher. Or, les scientifiques de Pragues ont prouvé le contraire : on peut ajouter des planètes et on en ajoutera." "Il reste, souligne encore Mountassar, que le Dr Zaghloul Nadjar nous met dans une fâcheuse posture avec ses "théories miraculeuses". Il établit un lien forcé entre la religion qui ne connaît que des réponses et la science qui pose sans cesse des questions. La religion est conviction et la science est doute et rien ne sert de mélanger les deux. Sinon, nous risquons de tomber dans le doute religieux avec les bouleversements que causent Zaghloul Nadjar et les tenants du "miracle scientifique". Le miracle du Coran tient dans ses idées révolutionnaires qui vivront et non pas dans ses théories scientifiques qui changeront nécessairement. "Les tenants du miracle scientifique se servent de la religion et l'exploitent dans les supermarchés et les congrès du "miracle". Ils vendent l'illusion selon laquelle nous sommes les meilleurs et les plus forts, que l'avancée de l'Occident n'est que le résultat de nos découvertes contenues dans nos livres. C'est une vraie tragédie que les marchands de religion soient traités comme des stars et que les vrais défenseurs de la religion soient montrés du doigt et deviennent sujets à anathèmes, conclut Khaled Mountassar. Effectivement, les spécialistes du "business" religieux imposent leur domination aux médias et exercent une influence néfaste sur des masses de plus en plus subjuguées par le mensonge et la flagornerie. Ce n'est toutefois pas un hasard si les charlatans et les flatteurs de mémoires prospèrent un peu partout sur les chaînes satellitaires et dans les journaux. Pour notre consœur égyptienne Leïla Latrèche, les vrais responsables sont les gouvernants arabes. Ce sont eux qui encouragent systématiquement l'implantation et la propagation des idées fondamentalistes. A. H.
(1) Pour vous donner une idée, voici un fait vécu : un jeune brandit une caméra à l'intérieur d'un mausolée. Le gardien l'interpelle en lui disant qu'il est interdit de filmer. C'est interdit, répète-t-il, en arabe et, doutant du peu d'effet de son intervention, il ajoute: "C'est Haram". Le jeune obtempère illico. Qui oserait enfreindre un tel édit ?
(2) En attendant que Zaghloul Nadjar soit exclu du monde scientifique pour charlatanisme et pratique illégale du commerce de la religion.
(3) "J'ai vu onze étoiles, le Soleil et la Lune; oui, je les ai vus se prosterner devant moi" (Sourate XII).
Ahmed Alli "Le soir d'Algérie "http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/09/04/article.php?sid=42682&cid=8
lundi 8 janvier 2007
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