Nabih Berri est le chef du mouvement chiite Amal. A ce titre, et en vertu de la Constitution, il est aussi le président du Parlement libanais. Il a été, enfin, délégué par le Hezbollah pour négocier en son nom, en particulier avec la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice. Quand il parle de paix, il faut donc l'écouter et essayer de saisir dans ses propos ce qui lui appartient en propre et ce que pourrait dire Hassan Nasrallah.Jusqu'à la fin des années 80, le mouvement Amal tenait le haut du pavé. Mais comme le Fatah en Palestine, Amal, miné par la corruption de ses dirigeants, s'est laissé déborder par le Hezbollah. L'autochtone, vieilli et délabré, a été peu à peu supplanté par un produit, d'importation certes mais jouissant d'une popularité grandissante. A la suite de l'Etat libanais, les cadres de Nabih Berri ont peu à peu laissé le sud du pays au Hezbollah lui abandonnant de facto le monopole de la résistance. C'est ainsi qu'aujourd'hui, Hassan Nasrallah résiste quelque part dans un bunker et que Nabih Berri porte sa parole aux négociateurs américains. Le second est un notable usé par le pouvoir et les délices de Capoue, le premier a déjà pris la succession et aspire à prendre tout le reste. Je n'ai pas aimé dans les récentes déclarations de Nabih Berri teintées d'amertume et reprochant aux pays arabes de rester passifs devant le drame libanais. Je me suis arrêté surtout à la pointe de ressentiment contre l'Algérie. Il a cru bon, en effet, de rappeler que tout le Liban s'était mobilisé pour Djamila Bouhired durant la guerre de Libération nationale. Ce qui est vrai mais pourquoi citer précisément cet exemple pour mettre en exergue l'indifférence arabe. Un petit tour à la salle Harcha l'aurait pourtant convaincu que toute la classe dirigeante algérienne est en première ligne avec le Hezbollah. Avec un peu d'imagination, on aurait pu voir dans le ciel de Harcha les multiples sillages des roquettes et des fusées tirées en direction d'Israël et de Condoleezza Rice. Les discours galvanisants et guerriers ont proprement ravi le patron du Hamas, promoteur du meeting de soutien au Liban et d'autres spectacles servant la cause de son mouvement. Quant aux envolées contre l'impérialisme yankee et ses plans machiavéliques pour "désarabiser" les Arabes, ce fut un vrai festin pour baathiste en fin de carême. Toute cette agitation politicienne est accompagnée, comme il se doit, par un regain d'intérêt et d'affection pour le chiisme. Aux yeux des sunnites les plus bornés, les chiites retrouvent enfin le statut de musulmans qui leur était contesté. Même leur Adhan qui fait explicitement référence à l'imam Ali ne hérisse plus les oreilles salafistes. Derrière leurs grosses lunettes noires, des midinettes en djilbab lancent des regards énamourés et des baisers furtifs au nouveau play-boy du monde arabe et islamique. Ceci marque-t-il, pour autant, l'abandon du wahhabisme et l'entrée dans les ordres chiites via la milice du Hezbollah ? C'est une perspective d'avenir mais ce n'est pas encore la conversion de masse stimulée par l'éternel opportunisme des zélotes religieux. Pour l'instant, en effet, le royaume de La Mecque reste sûr de lui et dominateur. Tellement sûr de lui que sa principale chaîne d'information Al-Arabia fait la course en tête avec sa rivale Al-Jazira pour couvrir les évènements. Avec cette différence que la glorification du Hezbollah par Al-Arabia a des allures d'acte de contrition. A priori, Riyad ne semble pas gêné par ce sens des opportunités médiatiques et fait valoir les critères du professionnalisme. Et puis, pendant que Al- Arabia s'épuise à tenir la corde avec Al-Jazira, l'appareil médiatique saoudien s'emploie à défendre les positions de Riyad dans le conflit libanais. La déclaration officielle saoudienne est commentée de manière à faire ressortir le leadership qu'entend assumer désormais le royaume saoudien. Il n'y a pas de doute que c’est le rôle que veut assumer le roi Abdallah en se présentant comme le défenseur d'un Liban arabe face à l'impérialisme iranien. Cette ambition est largement portée par les éditorialistes saoudiens qui parlent d'un nouveau rééquilibrage des forces dans la région. Ce qui induit implicitement un rôle de locomotive du nouveau nationalisme arabe pour l'Arabie saoudite, épaulée par une monarchie, la Jordanie, et une république monarchique, l'Egypte. Le quotidien de Londres Al-Charq-al-Awsat le dit sans ambages : "Le peuple libanais doit savoir qu'il n'est pas seul et que son seul choix est d'être dans la mouvance arabe, avec son avant-garde le royaume d'Arabie saoudite. Il n'est pas dos au mur et il n'est pas acculé à jouer sur l'alliance avec l'Iran (…) Durant des années, après que le Hezbollah eut devenu un Etat en armes dans un Etat désarmé, la conviction a prévalu chez de larges pans de la société libanaise que le choix iranien était inéluctable. Ceci, après que l'influence arabe ait subi un reflux et que l'on eut fait l'impasse sur les réalisations stratégiques de Taef. Si les accords de Taef avaient connu seulement un début d'exécution, rien de tout cela ne serait arrivé (…) Nous n'en serions pas aux promesses de Hassan Nasrallah, alors qu'Israël détruisait tout sur son passage, lorsqu'il a affirmé que l'Iran reconstruirait tout ce qui a été détruit. Des propos qui ont résonné comme un défi lancé, non seulement aux Libanais mais à tous les Arabes." Ce que ne dit pas clairement la presse saoudienne et qu'il faut lire entre les lignes, c'est que le défi du Hezbollah est perçu par Riyadh comme un défi religieux. Nasrallah mène une guerre de religion au Liban et les Saoudiens obéissent à la même motivation. En fait, l'enjeu est le statut de la citadelle sunnite-wahhabite face à la montée d'un chiisme belliciste et séduisant par là même. C'est au moment où les télévisions saoudiennes font la part belle aux actes de solidarité avec la population libanaise que l'accroc est apparu dans l'habit pseudo-nationaliste du royaume saoudien. Le Cheikh Abdallah Bendjebrine, une des principales références religieuses wahhabites, a lancé une fetwa interdisant toute aide matérielle ou morale au Hezbollah. Sous forme de "layadjouze" comminatoires, le cheikh a successivement proscrit le soutien à ce parti "rafidhi" (déserteur — un des nombreux gentils noms attribués aux chiites). "Il ne faut pas combattre sous leurs ordres, ni prier pour leur victoire. Je conseille aux sunnites de rejeter ces gens et ceux qui les rejoignent et de dénoncer leur hostilité de toujours à l'Islam et aux musulmans." En fait, si les dirigeants saoudiens situent la nouvelle guerre du Liban dans un contexte de rivalités de puissances régionales, la fetwa la resitue dans son contexte, celui de la bataille impitoyable entre deux intégrismes : le sunnite et le chiite. Or, chaque jour de guerre au Liban renforce le second au détriment du premier. Le naturel féminin est de fuir le vieillard édenté et impotent pour le viril et courageux chevalier. La "rue arabe" est aussi frivole qu'inconsciente mais elle reste dominée par le naturel féminin, l'envie d'essayer autre chose. Certes, tout le monde arabe respire toujours wahhabite et ment encore wahhabite mais le chiisme, incarné par Nasrallah, exerce une séduction dangereuse et, à la longue, fatale. C'est peut-être la vocation de la "rue arabe" de jouer les remake de "séduite et abandonnée". C'est sans doute aussi la destinée des peuples arabes d'hypothéquer toujours l'avenir en optant parfois pour le pire.A. H.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/31/article.php?sid=41723&cid=8
jeudi 30 novembre 2006
Entre la peste et le choléra
Avec la sauvagerie de sa riposte disproportionnée à un acte de kidnapping sans gloire (1) et, à défaut de libérer ses soldats, Israël a réussi à faire l'union sacrée au Liban. Il n'y qu'à voir et à écouter les déclarations des dirigeants libanais les plus hostiles à l'alliance syro-iranienne au Liban. Comment ne pas s'émouvoir de la pudeur et de la retenue dont fait preuve un Walid Djoumblatt face à l'agression et à la destruction systématique de son pays ? Tout comme le trublion Hassan Nasrallah, le leader druze ne tempête pas, il ne vocifère pas comme nous savons si bien le faire à leur place.
Lorsque le chef du Hezbollah décrète que la Liban est le champ de bataille de l'"Ouma", que cela plaise aux Libanais ou non, il répond simplement: "D'accord, mais pourquoi ne pas commencer par libérer le Golan et pourquoi la Palestine devrait être libérée à partir du seul territoire libanais?". Le parlementaire libanais reproche, en fait, au leader du Hezbollah de ne pas avoir consulté ses partenaires du dialogue interlibanais avant son initiative. "Je veux bien mourir mais je voudrais savoir pourquoi?", affirme-t-il à mots couverts. Plus lancinante encore est cette interrogation, teintée d'ironie cinglante, d'une consœur maronite. Elle dit :"Supposons que le Hezbollah gagne sa guerre contre Israël et que l'Etat sioniste soit anéanti (2). Quel sont les plans du Hezbollah pour le Liban? ". Autrement dit, quel sera le sort des minorités religieuses dans un système politique dominé par le fondamentalisme chiite? (3). Nous n'en sommes pas encore là et, pour l'instant, les Libanais se renvoient cette litanie, écrite pour Magda Roumi par Nizar Qabani, le poète amoureux qui aima à Beyrouth et aima Beyrouth: "Nous reconnaissons devant Dieu, le Juste, que nous te jalousions, que ta beauté nous agressait, que nous n'avons jamais été reconnaissants ni cléments à ton égard, que nous ne t'avons ni compris ni excusé, que nous t'avons offert, à la place de la rose, la lame du couteau, nous t'avons blessé et éprouvé, nous t'avons incendié et fait pleurer. (Nous reconnaissons) que nous t'avons fait porter, O Beyrouth, le poids de nos péchés, Beyrouth, maîtresse du monde, Beyrouth, sans toi, aucune vie ne peut nous combler. Maintenant, nous savons que tes racines sont profondément implantées en nous. Aujourd'hui, nous mesurons l'étendue (du mal) que nous avons fait de nos propres mains". Jalousie, voilà le maître mot qui peut expliquer, à lui seul, les malheurs du Liban, seul Etat multiconfessionnel et démocratique du Moyen-Orient et condamné, par conséquent, aux complots permanents. Pour les tyrans et les sociétés cloîtrées arabes, le Liban est un défi permanent, celui de l'intelligence à la bêtise. Loin de ressentir un sentiment quelconque de culpabilité, comme l'y invite Qabani, le Hezbollah minimise l'étendue des dégâts. Son chef annonce l'arrivée d'un argent "pur" pour reconstruire les infrastructures détruites par les bombardements sionistes. Comme par provocation, la chaîne de télévision du Hezbollah Al- Manar appelle les Libanais à la colère. Cependant, c'est la rue arabe qui a entendu l'appel, à en croire l'inénarrable secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Selon des indiscrétions recueillies par le quotidien de Beyrouth Al-Nahar, auprès de la dernière réunion ministérielle de la Ligue, l'émir du Qatar se serait converti, lui aussi, au concept de "rue arabe". En somme, il aurait joué les "va-t-en-guerre". Il en a les moyens et il ne s'en prive pas. Le propriétaire de la chaîne Al-Djazira (4), adossé à la plus importante base militaire américaine, s'est d'ailleurs fait remonter les bretelles par ses amis saoudiens. Pour ces derniers, seule la "rue arabe" qui va à La Mecque, qui manifeste, au signal, contre les caricatures danoises, est digne d'intérêt. La "rue arabe" qui applique, spontanément et sans ordres, les instructions et les recommandations du sérail wahhabite ne saurait exister. Elle est donc nulle et non avenue. Grosse colère saoudienne, donc, contre le "porteur de bois" (5) qatari dont ses traditionnels alliés dénoncent la duplicité. Toutefois, notre confrère égyptien Nabil Charef Eddine estime dans le magazine Elaph que la "rue arabe" n'est pas à dédaigner même si elle est sous influence. Cette influence qui fait des masses arabes une force de manœuvre pour les groupes radicaux est la conséquence de la "guerre des fondamentalismes" qui sévit au Moyen-Orient. Fondamentalisme sunnite contre fondamentalisme chiite en Irak, fondamentalisme sunnite avec le Hamas en guerre contre le fondamentalisme de la droite juive. La droite juive étant elle-même confrontée au fondamentalisme chiite au Liban. Le chroniqueur égyptien dit comprendre que la corruption et la mauvaise gestion poussent les peuples à rejeter leurs dirigeants. Mais il ne comprend pas que les peuples puissent pousser l'aveuglement jusqu'à épouser des thèses extrémistes qui vont à l'encontre de leurs intérêts à moyen et à long terme. Nabil Charef Eddine, opposant déclaré au régime Moubarak, n'admet pas que la "rue égyptienne" s'enflamme contre les crimes d'Israël et reste passive devant les atteintes aux droits humains commises dans le pays. La réalité, constate le journaliste, c'est que le monde arabe est désormais impuissant face aux courants fondamentalistes. Il se soumet à leurs provocations et surenchérit à leur discours absurde qui a abdiqué toute sagesse. C'est là sans doute le témoignage le plus probant de l'échec de tous les projets humanistes et éclairés face aux kamikazes et à leurs projets qui conduisent les peuples et les nations au chaos. Pour les dirigeants arabes, conclut Nabil Charef Eddine, l'enjeu consiste à gérer le mal, à cohabiter avec lui et non à lui trouver un remède. Pire encore: tous les régimes arabes sont en train d'aplanir le terrain pour les courants fondamentalistes". Le danger fondamentaliste peut donc se résumer à cette formule du Washington-Post, reprise par Elaph: "Si Israël représente la peste pour les Arabes, le Hezbollah est leur choléra." Alors, laissons la "rue arabe" s'agiter, secouons-la au besoin pour ne pas être secoués et fredonnons "Ya Beyrouth". En attendant que le phoenix libanais renaisse de ses cendres, une perspective aussi illusoire que la prochaine disparition d'Israël. A. H.
(1) On peut difficilement croire que le kidnapping de deux ou trois soldats puisse constituer une action d'éclat dans cette région où l'adversaire n'attend qu'un prétexte, acceptable pour la communauté internationale, afin de lancer une guerre totale contre un pays désarmé.
(2) C'est évidemment le rêve du président iranien. Alors que le Liban croule sous les bombes, il répète que la seule solution c'est la disparition d'Israël. Grâce à lui, le Liban disparaîtra peut-être avant.
(3) Pour le savoir, notre consœur n'a qu'à consulter le mot d'ordre du Hezbollah qui proclame que "les ulémas sont les héritiers des prophètes". Les ulémas, dans notre nouveau système de pensée, ce sont les chefs politico-religieux. Le slogan a fait florès à Alger, aujourd'hui toute personne qui monte au "minbar" est susceptible de revendiquer l'héritage des prophètes. Et quand on a l'héritage.
(4) Comme par hasard, Al-Djazira a été la seule chaîne arabe à obtenir une interview de Hassan Nasrallah après une semaine de bombardements israéliens.
(5) Allusion d'un journal saoudien à la femme de Abou Lahab, vouée à la géhenne pour avoir alimenté le brasier que son mari avait allumé sur le passage du Prophète (Verset CXI).
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/24/article.php?sid=41454&cid=8
Lorsque le chef du Hezbollah décrète que la Liban est le champ de bataille de l'"Ouma", que cela plaise aux Libanais ou non, il répond simplement: "D'accord, mais pourquoi ne pas commencer par libérer le Golan et pourquoi la Palestine devrait être libérée à partir du seul territoire libanais?". Le parlementaire libanais reproche, en fait, au leader du Hezbollah de ne pas avoir consulté ses partenaires du dialogue interlibanais avant son initiative. "Je veux bien mourir mais je voudrais savoir pourquoi?", affirme-t-il à mots couverts. Plus lancinante encore est cette interrogation, teintée d'ironie cinglante, d'une consœur maronite. Elle dit :"Supposons que le Hezbollah gagne sa guerre contre Israël et que l'Etat sioniste soit anéanti (2). Quel sont les plans du Hezbollah pour le Liban? ". Autrement dit, quel sera le sort des minorités religieuses dans un système politique dominé par le fondamentalisme chiite? (3). Nous n'en sommes pas encore là et, pour l'instant, les Libanais se renvoient cette litanie, écrite pour Magda Roumi par Nizar Qabani, le poète amoureux qui aima à Beyrouth et aima Beyrouth: "Nous reconnaissons devant Dieu, le Juste, que nous te jalousions, que ta beauté nous agressait, que nous n'avons jamais été reconnaissants ni cléments à ton égard, que nous ne t'avons ni compris ni excusé, que nous t'avons offert, à la place de la rose, la lame du couteau, nous t'avons blessé et éprouvé, nous t'avons incendié et fait pleurer. (Nous reconnaissons) que nous t'avons fait porter, O Beyrouth, le poids de nos péchés, Beyrouth, maîtresse du monde, Beyrouth, sans toi, aucune vie ne peut nous combler. Maintenant, nous savons que tes racines sont profondément implantées en nous. Aujourd'hui, nous mesurons l'étendue (du mal) que nous avons fait de nos propres mains". Jalousie, voilà le maître mot qui peut expliquer, à lui seul, les malheurs du Liban, seul Etat multiconfessionnel et démocratique du Moyen-Orient et condamné, par conséquent, aux complots permanents. Pour les tyrans et les sociétés cloîtrées arabes, le Liban est un défi permanent, celui de l'intelligence à la bêtise. Loin de ressentir un sentiment quelconque de culpabilité, comme l'y invite Qabani, le Hezbollah minimise l'étendue des dégâts. Son chef annonce l'arrivée d'un argent "pur" pour reconstruire les infrastructures détruites par les bombardements sionistes. Comme par provocation, la chaîne de télévision du Hezbollah Al- Manar appelle les Libanais à la colère. Cependant, c'est la rue arabe qui a entendu l'appel, à en croire l'inénarrable secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Selon des indiscrétions recueillies par le quotidien de Beyrouth Al-Nahar, auprès de la dernière réunion ministérielle de la Ligue, l'émir du Qatar se serait converti, lui aussi, au concept de "rue arabe". En somme, il aurait joué les "va-t-en-guerre". Il en a les moyens et il ne s'en prive pas. Le propriétaire de la chaîne Al-Djazira (4), adossé à la plus importante base militaire américaine, s'est d'ailleurs fait remonter les bretelles par ses amis saoudiens. Pour ces derniers, seule la "rue arabe" qui va à La Mecque, qui manifeste, au signal, contre les caricatures danoises, est digne d'intérêt. La "rue arabe" qui applique, spontanément et sans ordres, les instructions et les recommandations du sérail wahhabite ne saurait exister. Elle est donc nulle et non avenue. Grosse colère saoudienne, donc, contre le "porteur de bois" (5) qatari dont ses traditionnels alliés dénoncent la duplicité. Toutefois, notre confrère égyptien Nabil Charef Eddine estime dans le magazine Elaph que la "rue arabe" n'est pas à dédaigner même si elle est sous influence. Cette influence qui fait des masses arabes une force de manœuvre pour les groupes radicaux est la conséquence de la "guerre des fondamentalismes" qui sévit au Moyen-Orient. Fondamentalisme sunnite contre fondamentalisme chiite en Irak, fondamentalisme sunnite avec le Hamas en guerre contre le fondamentalisme de la droite juive. La droite juive étant elle-même confrontée au fondamentalisme chiite au Liban. Le chroniqueur égyptien dit comprendre que la corruption et la mauvaise gestion poussent les peuples à rejeter leurs dirigeants. Mais il ne comprend pas que les peuples puissent pousser l'aveuglement jusqu'à épouser des thèses extrémistes qui vont à l'encontre de leurs intérêts à moyen et à long terme. Nabil Charef Eddine, opposant déclaré au régime Moubarak, n'admet pas que la "rue égyptienne" s'enflamme contre les crimes d'Israël et reste passive devant les atteintes aux droits humains commises dans le pays. La réalité, constate le journaliste, c'est que le monde arabe est désormais impuissant face aux courants fondamentalistes. Il se soumet à leurs provocations et surenchérit à leur discours absurde qui a abdiqué toute sagesse. C'est là sans doute le témoignage le plus probant de l'échec de tous les projets humanistes et éclairés face aux kamikazes et à leurs projets qui conduisent les peuples et les nations au chaos. Pour les dirigeants arabes, conclut Nabil Charef Eddine, l'enjeu consiste à gérer le mal, à cohabiter avec lui et non à lui trouver un remède. Pire encore: tous les régimes arabes sont en train d'aplanir le terrain pour les courants fondamentalistes". Le danger fondamentaliste peut donc se résumer à cette formule du Washington-Post, reprise par Elaph: "Si Israël représente la peste pour les Arabes, le Hezbollah est leur choléra." Alors, laissons la "rue arabe" s'agiter, secouons-la au besoin pour ne pas être secoués et fredonnons "Ya Beyrouth". En attendant que le phoenix libanais renaisse de ses cendres, une perspective aussi illusoire que la prochaine disparition d'Israël. A. H.
(1) On peut difficilement croire que le kidnapping de deux ou trois soldats puisse constituer une action d'éclat dans cette région où l'adversaire n'attend qu'un prétexte, acceptable pour la communauté internationale, afin de lancer une guerre totale contre un pays désarmé.
(2) C'est évidemment le rêve du président iranien. Alors que le Liban croule sous les bombes, il répète que la seule solution c'est la disparition d'Israël. Grâce à lui, le Liban disparaîtra peut-être avant.
(3) Pour le savoir, notre consœur n'a qu'à consulter le mot d'ordre du Hezbollah qui proclame que "les ulémas sont les héritiers des prophètes". Les ulémas, dans notre nouveau système de pensée, ce sont les chefs politico-religieux. Le slogan a fait florès à Alger, aujourd'hui toute personne qui monte au "minbar" est susceptible de revendiquer l'héritage des prophètes. Et quand on a l'héritage.
(4) Comme par hasard, Al-Djazira a été la seule chaîne arabe à obtenir une interview de Hassan Nasrallah après une semaine de bombardements israéliens.
(5) Allusion d'un journal saoudien à la femme de Abou Lahab, vouée à la géhenne pour avoir alimenté le brasier que son mari avait allumé sur le passage du Prophète (Verset CXI).
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/24/article.php?sid=41454&cid=8
Nouvelle alerte au djins
L'immeuble Yacoubian, le film qui met en émoi les futurs épicuriens du paradis, ne sera finalement pas interdit. Le Parlement égyptien, une fois n'est pas coutume, n'a pas suivi les 112 pétitionnaires menés par Mustapha Bacri, député et journaliste aux heures creuses. Le film relate la vie quotidienne d'un immeuble du centre du Caire au milieu du siècle dernier. Mustapha Bacri, appuyé par les Frères musulmans (1) relais naturel du mouvement nassérien, avait demandé la constitution d'une commission d'enquête parlementaire.
Il s'agissait, selon lui, de décider d'interdire le film, projeté actuellement dans les salles, après avoir constaté ses atteintes à la morale islamique. Le principal reproche fait au film du jeune réalisateur Marwan Hamed est de nuire à l'image de l'Egypte en s'attardant sur un personnage aux mœurs hétérodoxes. L'homosexualité étant, de notoriété publique, un phénomène complètement étranger aux sociétés musulmanes. Or, la commission, aussi dévote que Mustapha Bacri et ses "Frères", en a décidé autrement. L'Immeuble Yacoubian poursuivra sa carrière dans les salles. Il s'attaque à des problèmes réels. Les personnages qu'il décrit sont représentatifs de la société égyptienne, a estimé la commission. La production du film avait fait valoir un argument similaire ajoutant que l'œuvre ne défendait pas l'homosexualité puisque le personnage "homo" était tué à la fin du film par un voleur qu'il avait lui-même introduit chez lui. La morale est donc sauve. Reste à dire que le réalisateur du film, Marwan Hamed, a eu beaucoup de mal à trouver un acteur pour interpréter le rôle du gay Hatem. Tous les acteurs célèbres approchés se sont récusés, ce qui est la moindre des précautions dans nos sociétés. La presse égyptienne rapporte même que des dames autruches, choquées, sont sorties pendant la projection du film pour exprimer leur désapprobation. Quant à Ala Al-Assouani, l'auteur du roman dont le film est tiré, il est revenu longuement, la semaine dernière dans le magazine Elaph, sur l'œuvre cinématographique et littéraire. Il évoque notamment les reproches qui lui ont été faits concernant la critique de la révolution nassérienne, présente dans le film. "Je suis plus proche de la pensée nassérienne que d'aucune autre pensée, dit-il. Cependant, Nasser a commis une seule erreur dont nous payons encore aujourd'hui le prix. Il était le seul leader à pouvoir conduire le monde arabe vers la démocratie mais il ne l'a pas fait et c'est ça son erreur. Hormis cela, c'est un rêve, Nasser était un rêve. Il est plus grand qu'un leader." Evoquant les changements intervenus dans la société égyptienne, l'écrivain estime que "le grand problème, c'est la perception qu'avait l'Egypte de l'Islam et celle qu'elle en a aujourd'hui. L'influence du wahhabisme en Egypte est une catastrophe pire que celle de la défaite de1967, dit-il. La religion, c'est la religion et la différence tient entre sa lecture positive ou négative. Nous, en Egypte, nous avons troqué la lecture ouverte de l'Islam contre une lecture fermée. "Lorsque Sadate a accédé au pouvoir en Egypte, les idées de gauche étaient puissantes. Il a estimé que la pensée wahhabite était le moteur idéal pour le pouvoir. C'est ainsi que pendant vint-cinq ans et plus, nous avons vu à la télévision des "cheikhs" énoncer des idée bizarres et sans aucun contenu objectif." On reparle de wahhabisme avec la Somalie où des débats théologiques intenses agitent les "tribunaux islamiques" au pouvoir à Mogadiscio. Après avoir interdit les matchs de football pendant le Mondial et prohibé les fêtes, les nouveaux maîtres de la capitale pensent à infliger la peine de mort aux personnes qui ne font pas la prière. Les Somaliens vont plus loin que leurs maîtres saoudiens: au lieu d'emmener les gens à la mosquée à coups de nerfs de bœuf, il faut les menacer de les tuer. Comme ils sont férus de technologie, ils installeront sans doute des pointeuses aux entrées (et sorties) des mosquées. Ainsi, tout le monde participera à la grande messe de diabolisation des juifs et des chrétiens qui s'organisent en riposte à la destruction du Liban par Israël (2). Wahhabisme encore et toujours, une nouvelle fetwa divise ces jours-ci la nomenklatura bien pensante de Ryadh : le droit légitime d'utiliser la magie et les djinns pour lutter contre l'ensorcellement. La trouvaille est de Cheikh El-Obeikane, membre éminent de l'autorité religieuse officielle. Dans un article publié la semaine dernière par le très officiel Al-Charq al-Awsat, Al-Obéikane défend le droit d'avoir recours à la magie pour défaire un acte de même nature. Il s'appuie, comme tous ses confrères, sur un Hadith authentique (toutes les causes en ont) pour justifier son propos. Commentant cette querelle de clercs, le chroniqueur du site "Middle East Transparency" ironise sur cette énième fetwa, il souligne que de telles sornettes prêteraient à rire si elles venaient d'un petit pays africain comme la Somalie. "Cependant, que cela vienne de la classe des théologiens d'Arabie saoudite (avec ses juges, ses tribunaux, sa police islamique, ses cheikhs spécialisés et ses délégations étrangères chargées de répandre la lumière du wahhabisme) à laquelle appartient El-Obeikane (cet ancien terroriste), voilà qui n'est pas ordinaire. Cette classe coûte au pays entre 10 et 20 milliards de dollars par an. C'est-à-dire que les frais d'entretien de la "classe religieuse wahhabite" sur une période de dix ans suffiraient à rembourser la moitié de la dette globale saoudienne. Pourquoi l'Etat saoudien ne crée-t-il pas un "ministère de la magie, de la sorcellerie et de l'explication de rêves" et ne désigne-t-il pas El- Obeikane comme superministre ? "Une nouvelle fois, un théologien saoudien confirme que l'historien Bernard Lewis (3) avait raison de dire que la place du wahhabisme dans l'Islam est semblable à celle qu'occupe le Ku Klux Klan dans la chrétienté", conclut notre confrère. Pour votre édification, le numéro du supplément bihebdomadaire d' Al- Khabar, "Hawadeth", daté du 3 au 16 juillet, consacre sa "une" au monde des djinns. La journaliste qui traite du sujet commence par nous mettre en garde contre la tentation de nier l'existence des djinns en citant un verset du Coran. Ainsi tétanisés, nous ne pouvons que donner du crédit aux histoires de Aïcha, Louiza et Mourad. Aïcha élève un enfant né des œuvres d'un djinn. Louiza n'a pas encore atteint ce stade mais ça ne saurait tarder. Un djinn l'a enlevée et l'a épousée au su de toute la ville de Boudouaou, selon notre consœur. Quant à Mourad, son cas est bien plus grave: sa femme le trompe avec un djinn et dans son propre lit. Alors, méfiez-vous jeunes gens, les djinns sont parmi vous. Un conseil intéressé: lorsque vous abordez une jolie femme, commencez par réciter des incantations. Si la cible s'enfuit à toutes jambes, c'est qu'elle est soit une laïque invétérée, soit un djinn femelle. Dans les deux cas, vous aurez perdu l'occasion de votre vie. A. H.
(1) Une précision ici : les députés Frères musulmans, parti non autorisé, n'ont pas signé la pétition contre le film mais le mouvement a soutenu indirectement la campagne de Mustapha Bacri sur son site Internet.
2) Au passage, j'ai apprécié cette déclaration d'un dirigeant palestinien qui a qualifié la conférence ministérielle du Caire de "piqûre anesthésiante". Ce qui veut dire que s'il y a un sommet, ce sera pour l'ablation d'organes essentiels.
3) L'historien anglais établi aux Etats-Unis est la référence du gouvernement américain en matière d'Islam. Bernard Lewis a, notamment, inventé la formule du "choc des civilisations" par laquelle les extrémistes des deux camps maintiennent l'ordre établi
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/17/article.php?sid=41190&cid=8
Il s'agissait, selon lui, de décider d'interdire le film, projeté actuellement dans les salles, après avoir constaté ses atteintes à la morale islamique. Le principal reproche fait au film du jeune réalisateur Marwan Hamed est de nuire à l'image de l'Egypte en s'attardant sur un personnage aux mœurs hétérodoxes. L'homosexualité étant, de notoriété publique, un phénomène complètement étranger aux sociétés musulmanes. Or, la commission, aussi dévote que Mustapha Bacri et ses "Frères", en a décidé autrement. L'Immeuble Yacoubian poursuivra sa carrière dans les salles. Il s'attaque à des problèmes réels. Les personnages qu'il décrit sont représentatifs de la société égyptienne, a estimé la commission. La production du film avait fait valoir un argument similaire ajoutant que l'œuvre ne défendait pas l'homosexualité puisque le personnage "homo" était tué à la fin du film par un voleur qu'il avait lui-même introduit chez lui. La morale est donc sauve. Reste à dire que le réalisateur du film, Marwan Hamed, a eu beaucoup de mal à trouver un acteur pour interpréter le rôle du gay Hatem. Tous les acteurs célèbres approchés se sont récusés, ce qui est la moindre des précautions dans nos sociétés. La presse égyptienne rapporte même que des dames autruches, choquées, sont sorties pendant la projection du film pour exprimer leur désapprobation. Quant à Ala Al-Assouani, l'auteur du roman dont le film est tiré, il est revenu longuement, la semaine dernière dans le magazine Elaph, sur l'œuvre cinématographique et littéraire. Il évoque notamment les reproches qui lui ont été faits concernant la critique de la révolution nassérienne, présente dans le film. "Je suis plus proche de la pensée nassérienne que d'aucune autre pensée, dit-il. Cependant, Nasser a commis une seule erreur dont nous payons encore aujourd'hui le prix. Il était le seul leader à pouvoir conduire le monde arabe vers la démocratie mais il ne l'a pas fait et c'est ça son erreur. Hormis cela, c'est un rêve, Nasser était un rêve. Il est plus grand qu'un leader." Evoquant les changements intervenus dans la société égyptienne, l'écrivain estime que "le grand problème, c'est la perception qu'avait l'Egypte de l'Islam et celle qu'elle en a aujourd'hui. L'influence du wahhabisme en Egypte est une catastrophe pire que celle de la défaite de1967, dit-il. La religion, c'est la religion et la différence tient entre sa lecture positive ou négative. Nous, en Egypte, nous avons troqué la lecture ouverte de l'Islam contre une lecture fermée. "Lorsque Sadate a accédé au pouvoir en Egypte, les idées de gauche étaient puissantes. Il a estimé que la pensée wahhabite était le moteur idéal pour le pouvoir. C'est ainsi que pendant vint-cinq ans et plus, nous avons vu à la télévision des "cheikhs" énoncer des idée bizarres et sans aucun contenu objectif." On reparle de wahhabisme avec la Somalie où des débats théologiques intenses agitent les "tribunaux islamiques" au pouvoir à Mogadiscio. Après avoir interdit les matchs de football pendant le Mondial et prohibé les fêtes, les nouveaux maîtres de la capitale pensent à infliger la peine de mort aux personnes qui ne font pas la prière. Les Somaliens vont plus loin que leurs maîtres saoudiens: au lieu d'emmener les gens à la mosquée à coups de nerfs de bœuf, il faut les menacer de les tuer. Comme ils sont férus de technologie, ils installeront sans doute des pointeuses aux entrées (et sorties) des mosquées. Ainsi, tout le monde participera à la grande messe de diabolisation des juifs et des chrétiens qui s'organisent en riposte à la destruction du Liban par Israël (2). Wahhabisme encore et toujours, une nouvelle fetwa divise ces jours-ci la nomenklatura bien pensante de Ryadh : le droit légitime d'utiliser la magie et les djinns pour lutter contre l'ensorcellement. La trouvaille est de Cheikh El-Obeikane, membre éminent de l'autorité religieuse officielle. Dans un article publié la semaine dernière par le très officiel Al-Charq al-Awsat, Al-Obéikane défend le droit d'avoir recours à la magie pour défaire un acte de même nature. Il s'appuie, comme tous ses confrères, sur un Hadith authentique (toutes les causes en ont) pour justifier son propos. Commentant cette querelle de clercs, le chroniqueur du site "Middle East Transparency" ironise sur cette énième fetwa, il souligne que de telles sornettes prêteraient à rire si elles venaient d'un petit pays africain comme la Somalie. "Cependant, que cela vienne de la classe des théologiens d'Arabie saoudite (avec ses juges, ses tribunaux, sa police islamique, ses cheikhs spécialisés et ses délégations étrangères chargées de répandre la lumière du wahhabisme) à laquelle appartient El-Obeikane (cet ancien terroriste), voilà qui n'est pas ordinaire. Cette classe coûte au pays entre 10 et 20 milliards de dollars par an. C'est-à-dire que les frais d'entretien de la "classe religieuse wahhabite" sur une période de dix ans suffiraient à rembourser la moitié de la dette globale saoudienne. Pourquoi l'Etat saoudien ne crée-t-il pas un "ministère de la magie, de la sorcellerie et de l'explication de rêves" et ne désigne-t-il pas El- Obeikane comme superministre ? "Une nouvelle fois, un théologien saoudien confirme que l'historien Bernard Lewis (3) avait raison de dire que la place du wahhabisme dans l'Islam est semblable à celle qu'occupe le Ku Klux Klan dans la chrétienté", conclut notre confrère. Pour votre édification, le numéro du supplément bihebdomadaire d' Al- Khabar, "Hawadeth", daté du 3 au 16 juillet, consacre sa "une" au monde des djinns. La journaliste qui traite du sujet commence par nous mettre en garde contre la tentation de nier l'existence des djinns en citant un verset du Coran. Ainsi tétanisés, nous ne pouvons que donner du crédit aux histoires de Aïcha, Louiza et Mourad. Aïcha élève un enfant né des œuvres d'un djinn. Louiza n'a pas encore atteint ce stade mais ça ne saurait tarder. Un djinn l'a enlevée et l'a épousée au su de toute la ville de Boudouaou, selon notre consœur. Quant à Mourad, son cas est bien plus grave: sa femme le trompe avec un djinn et dans son propre lit. Alors, méfiez-vous jeunes gens, les djinns sont parmi vous. Un conseil intéressé: lorsque vous abordez une jolie femme, commencez par réciter des incantations. Si la cible s'enfuit à toutes jambes, c'est qu'elle est soit une laïque invétérée, soit un djinn femelle. Dans les deux cas, vous aurez perdu l'occasion de votre vie. A. H.
(1) Une précision ici : les députés Frères musulmans, parti non autorisé, n'ont pas signé la pétition contre le film mais le mouvement a soutenu indirectement la campagne de Mustapha Bacri sur son site Internet.
2) Au passage, j'ai apprécié cette déclaration d'un dirigeant palestinien qui a qualifié la conférence ministérielle du Caire de "piqûre anesthésiante". Ce qui veut dire que s'il y a un sommet, ce sera pour l'ablation d'organes essentiels.
3) L'historien anglais établi aux Etats-Unis est la référence du gouvernement américain en matière d'Islam. Bernard Lewis a, notamment, inventé la formule du "choc des civilisations" par laquelle les extrémistes des deux camps maintiennent l'ordre établi
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/17/article.php?sid=41190&cid=8
Habiter seul avec sa maman
Une commission spéciale du Parlement égyptien siège sans discontinuer depuis quelques jours pour dire si un film, projeté actuellement au Caire, constitue une agression grave contre l'Islam et le retirer de l'affiche, éventuellement. Le film qui rencontre un grand succès s'appelle L'Immeuble Yacoubian, un édifice célèbre du centre-ville. Il est adapté d'un roman du même nom, écrit par un écrivain, Ala Al-Assouani, que les députés censeurs n'ont sans doute jamais lu. Ils sont, en effet, 112 parlementaires à avoir signé une pétition demandant la constitution d'une commission d'enquête ad hoc pour traiter de L'Immeuble Yacoubian.
Ce long métrage a, entre autres particularités, celle d'avoir eu le plus gros budget consacré à un film égyptien, soit 4 millions de dollars. Le film, réalisé par un jeune cinéaste, Marwan Hamed, est interprété, notamment, par deux géants du cinéma égyptien : Nour Cherif et Adel Imam. D'où son succès populaire qui n'a pas suivi les critiques adressées, en particulier, à l'interprétation de Nour Cherif. On y raconte la vie quotidienne et l'évolution des habitants de l'Immeuble Yacoubian dans la première moitié du siècle dernier. Il s'attaque donc à des évènements et à des personnages lointains, ce qui aurait dû suffire à dissuader toute polémique. Seulement, le film suggère en filigrane que ce qui se passait au milieu du siècle dernier se reproduit encore de nos jours. En témoigne la présence du cireur, joué précisément par Nour Cherif, qui devient immensément riche grâce au commerce de la drogue. Un destin courant qui ne choquerait aujourd'hui qu'un Abou Dhar Al-Ghiffari (1) s'il était encore de ce monde. Non content de dénoncer l'enrichissement subit et illicite qui est la marque du siècle, le réalisateur met en scène un personnage, disons atypique. Hatem, c'est le jeune qui a habité seul avec sa maman dans un des vieux appartements, propriété d'un certain Yacoubian. Habiter seul avec sa maman, ça craint, dirait Charles Aznavour. Pour corser le tout, Hatem est rédacteur en chef d'une revue francophone. Il a hérité de l'appartement et de l'argent de ses parents mais il possède, en propre, une inclination irrépressible pour ses camarades du même sexe. Et c'est là que le bât blesse le chameau fondamentaliste. Qu'on soit voleur, menteur, hypocrite au jour d'aujourd'hui, d'accord mais "homo"! Voilà un travers qui ne saurait avoir droit de cité dans nos sociétés normalisées et aseptisées par une foi, dont l'ardeur s'élève jusqu'à crever la voûte céleste, en sus de nos tympans. Il est évident, pour les 112 députés égyptiens qui ont pris d'assaut "L'Immeuble Yacoubian" que montrer un seul déviant sexuel dans une société musulmane, droite comme I majuscule, c'est suggérer que les membres de cette société pourraient ne pas suivre la voie rectiligne. C'est une offense à la religion, proclame le chef de file des inquisiteurs, le député-journaliste Mustapha Bacri. Ce dernier dirige, en plus de son mandat parlementaire, une revue Al-Ousbou ( l'Hebdomadaire) qui a juré de se battre contre Israël jusqu'au dernier Palestinien. Il y a chez cet homme qui se dit nationaliste nassérien, version "salafiste" borné (2), un partage équitable des tâches. Tandis que le journaliste chante dans sa revue les exploits, à la Pyrrhus, du "Hamas" palestinien, le député Mustapha Bacri se fait le porte-étendard de la morale islamique. Selon le découpage qu'il a fait de L'Immeuble Yacoubian, un tiers du film serait consacré à des scènes équivoques (3). Ces scènes, affirme-t- il, relèvent de la pornographie (3). Elles tendent à faire l'apologie de la déviation sexuelle et à les traiter comme un phénomène coutumier dans notre société. En fait, ce qui révolte le plus l'islamo-nassérien Bacri dans ce film, et il le dit, c'est que le conscrit Abdou s'arme de la foi et en appelle à Dieu pour résister aux avances de Hatem, le corrupteur. Car, ce Hatem-là, en plus d'être ce qu'il n'aurait pas dû être dans une communauté musulmane saine de corps et d'esprits, ce Hatem-là est un ignoble tentateur. Il se sert de son argent pour appâter sa proie, Abdou, le conscrit venu de Haute-Egypte avec sa pauvreté comme viatique. La morale du film est sauve puisque Abdou échappe à son riche suborneur en puisant dans sa piété. Cependant, Mustapha Bacri, le vertueux, n'admet pas qu'un croyant puisse être sujet à la tentation et puisse en référer au ciel pour fortifier son âme. A cette heure-ci, le film L'Immeuble Yacoubian aura sans doute été retiré de l'affiche à la grande joie des tartufes arabes sans rien changer au sort des Palestiniens. Le roman éponyme continue, lui, à se tailler un succès d'estime stimulé par son passage à l'écran. L'auteur, Ala Al-Assouani, chirurgien dentiste, s'est fait connaître déjà par un roman précédent au titre emprunté à la première guerre du Golfe Des tirs amis. La semaine dernière, il a animé une conférence sur son œuvre à l'Institut des sciences de l'information de l'université du Caire. On a noté que seuls les étudiants étaient présents au débat. Le directeur et les enseignants de l'institut étaient tous absents. Il faut dire qu'en plus d'être écrivain, Ala Al- Assouani est un dangereux opposant. Il est l'un des animateurs du mouvement Kifaya (Ça suffit) opposé à la prolongation du règne de Moubarak par progéniture interposée. La carrière, c'est important messieurs, et on ne la joue pas inconsidérément. Etre au bon cimetière, au bon meeting de soutien à la Palestine, coller aux bons mandats, c'est le nec plus ultra de la gestion d'un CV! La censure, encore et toujours mais cette fois en Somalie, pays membre des deux saintes ligues, l'arabe et l'islamique. Mardi dernier, des hommes ont été tués lorsque les milices des "Tribunaux islamiques" ont dispersé la foule qui regardait le match de football Italie- Allemagne. Pour les nouveaux maîtres de Mogadiscio, regarder la Coupe du monde est un acte impie et une perte de temps. Le quotidien libanais Essafir qui commente l'incident note que c'est la première fois qu'un mouvement islamiste au pouvoir s'attaque au sport le plus populaire du monde. L'interdiction de la Coupe du monde ne se base pas sur une fetwa émise par une référence religieuse reconnue mais elle émane au mieux de l'opinion d'un des cheikhs des "tribunaux" somaliens, souligne le quotidien. Essafir observe que "la Somalie vit une période révolutionnaire semblable à celle qu'a vécue et vit encore l'Iran où la lutte entre tradition et modernité a aussi pour théâtre les stades de football. La femme y est interdite d'accès. En Somalie, c'est plus sévère, même les hommes n'ont pas droit au football". D'où la crainte de notre confrère de voir un régime "taliban" s'installer en Somalie. Crainte d'autant plus justifiée que les étudiants, ici, ont bouclé leur cursus. Ils sont devenus juges et ont érigé leurs propres tribunaux. La Somalie, ce serait l'Afghanistan avec des "étudiants" qui ont réussi à obtenir leurs diplômes. A. H.
(1) Compagnon du Prophète, il critiquait sévèrement le comportement de ses contemporains. Observant un jour le khalife Othmane qui surélevait sa maison, il lui dit : "Si tu fais ça avec ton argent personnel, c'est du gaspillage et si c'est avec l'argent du peuple c'est du vol. Dans les deux cas, tu es coupable."
(2) C'est fou ce que le monde change. Aujourd'hui, le Soudanais Sadek Al-Mahdi anime un comité pour entretenir la mémoire de l'écrivain Kawakibi. Sadek Al-Mahdi, converti à la démocratie avec la bénédiction des Nations unies, c'est à peine croyable !
3) C'est étonnant et à peine croyable quand on sait la redoutable vigilance de la censure égyptienne qui ne laisse même plus passer les baisers de "happy end".
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/10/article.php?sid=40902&cid=8
Ce long métrage a, entre autres particularités, celle d'avoir eu le plus gros budget consacré à un film égyptien, soit 4 millions de dollars. Le film, réalisé par un jeune cinéaste, Marwan Hamed, est interprété, notamment, par deux géants du cinéma égyptien : Nour Cherif et Adel Imam. D'où son succès populaire qui n'a pas suivi les critiques adressées, en particulier, à l'interprétation de Nour Cherif. On y raconte la vie quotidienne et l'évolution des habitants de l'Immeuble Yacoubian dans la première moitié du siècle dernier. Il s'attaque donc à des évènements et à des personnages lointains, ce qui aurait dû suffire à dissuader toute polémique. Seulement, le film suggère en filigrane que ce qui se passait au milieu du siècle dernier se reproduit encore de nos jours. En témoigne la présence du cireur, joué précisément par Nour Cherif, qui devient immensément riche grâce au commerce de la drogue. Un destin courant qui ne choquerait aujourd'hui qu'un Abou Dhar Al-Ghiffari (1) s'il était encore de ce monde. Non content de dénoncer l'enrichissement subit et illicite qui est la marque du siècle, le réalisateur met en scène un personnage, disons atypique. Hatem, c'est le jeune qui a habité seul avec sa maman dans un des vieux appartements, propriété d'un certain Yacoubian. Habiter seul avec sa maman, ça craint, dirait Charles Aznavour. Pour corser le tout, Hatem est rédacteur en chef d'une revue francophone. Il a hérité de l'appartement et de l'argent de ses parents mais il possède, en propre, une inclination irrépressible pour ses camarades du même sexe. Et c'est là que le bât blesse le chameau fondamentaliste. Qu'on soit voleur, menteur, hypocrite au jour d'aujourd'hui, d'accord mais "homo"! Voilà un travers qui ne saurait avoir droit de cité dans nos sociétés normalisées et aseptisées par une foi, dont l'ardeur s'élève jusqu'à crever la voûte céleste, en sus de nos tympans. Il est évident, pour les 112 députés égyptiens qui ont pris d'assaut "L'Immeuble Yacoubian" que montrer un seul déviant sexuel dans une société musulmane, droite comme I majuscule, c'est suggérer que les membres de cette société pourraient ne pas suivre la voie rectiligne. C'est une offense à la religion, proclame le chef de file des inquisiteurs, le député-journaliste Mustapha Bacri. Ce dernier dirige, en plus de son mandat parlementaire, une revue Al-Ousbou ( l'Hebdomadaire) qui a juré de se battre contre Israël jusqu'au dernier Palestinien. Il y a chez cet homme qui se dit nationaliste nassérien, version "salafiste" borné (2), un partage équitable des tâches. Tandis que le journaliste chante dans sa revue les exploits, à la Pyrrhus, du "Hamas" palestinien, le député Mustapha Bacri se fait le porte-étendard de la morale islamique. Selon le découpage qu'il a fait de L'Immeuble Yacoubian, un tiers du film serait consacré à des scènes équivoques (3). Ces scènes, affirme-t- il, relèvent de la pornographie (3). Elles tendent à faire l'apologie de la déviation sexuelle et à les traiter comme un phénomène coutumier dans notre société. En fait, ce qui révolte le plus l'islamo-nassérien Bacri dans ce film, et il le dit, c'est que le conscrit Abdou s'arme de la foi et en appelle à Dieu pour résister aux avances de Hatem, le corrupteur. Car, ce Hatem-là, en plus d'être ce qu'il n'aurait pas dû être dans une communauté musulmane saine de corps et d'esprits, ce Hatem-là est un ignoble tentateur. Il se sert de son argent pour appâter sa proie, Abdou, le conscrit venu de Haute-Egypte avec sa pauvreté comme viatique. La morale du film est sauve puisque Abdou échappe à son riche suborneur en puisant dans sa piété. Cependant, Mustapha Bacri, le vertueux, n'admet pas qu'un croyant puisse être sujet à la tentation et puisse en référer au ciel pour fortifier son âme. A cette heure-ci, le film L'Immeuble Yacoubian aura sans doute été retiré de l'affiche à la grande joie des tartufes arabes sans rien changer au sort des Palestiniens. Le roman éponyme continue, lui, à se tailler un succès d'estime stimulé par son passage à l'écran. L'auteur, Ala Al-Assouani, chirurgien dentiste, s'est fait connaître déjà par un roman précédent au titre emprunté à la première guerre du Golfe Des tirs amis. La semaine dernière, il a animé une conférence sur son œuvre à l'Institut des sciences de l'information de l'université du Caire. On a noté que seuls les étudiants étaient présents au débat. Le directeur et les enseignants de l'institut étaient tous absents. Il faut dire qu'en plus d'être écrivain, Ala Al- Assouani est un dangereux opposant. Il est l'un des animateurs du mouvement Kifaya (Ça suffit) opposé à la prolongation du règne de Moubarak par progéniture interposée. La carrière, c'est important messieurs, et on ne la joue pas inconsidérément. Etre au bon cimetière, au bon meeting de soutien à la Palestine, coller aux bons mandats, c'est le nec plus ultra de la gestion d'un CV! La censure, encore et toujours mais cette fois en Somalie, pays membre des deux saintes ligues, l'arabe et l'islamique. Mardi dernier, des hommes ont été tués lorsque les milices des "Tribunaux islamiques" ont dispersé la foule qui regardait le match de football Italie- Allemagne. Pour les nouveaux maîtres de Mogadiscio, regarder la Coupe du monde est un acte impie et une perte de temps. Le quotidien libanais Essafir qui commente l'incident note que c'est la première fois qu'un mouvement islamiste au pouvoir s'attaque au sport le plus populaire du monde. L'interdiction de la Coupe du monde ne se base pas sur une fetwa émise par une référence religieuse reconnue mais elle émane au mieux de l'opinion d'un des cheikhs des "tribunaux" somaliens, souligne le quotidien. Essafir observe que "la Somalie vit une période révolutionnaire semblable à celle qu'a vécue et vit encore l'Iran où la lutte entre tradition et modernité a aussi pour théâtre les stades de football. La femme y est interdite d'accès. En Somalie, c'est plus sévère, même les hommes n'ont pas droit au football". D'où la crainte de notre confrère de voir un régime "taliban" s'installer en Somalie. Crainte d'autant plus justifiée que les étudiants, ici, ont bouclé leur cursus. Ils sont devenus juges et ont érigé leurs propres tribunaux. La Somalie, ce serait l'Afghanistan avec des "étudiants" qui ont réussi à obtenir leurs diplômes. A. H.
(1) Compagnon du Prophète, il critiquait sévèrement le comportement de ses contemporains. Observant un jour le khalife Othmane qui surélevait sa maison, il lui dit : "Si tu fais ça avec ton argent personnel, c'est du gaspillage et si c'est avec l'argent du peuple c'est du vol. Dans les deux cas, tu es coupable."
(2) C'est fou ce que le monde change. Aujourd'hui, le Soudanais Sadek Al-Mahdi anime un comité pour entretenir la mémoire de l'écrivain Kawakibi. Sadek Al-Mahdi, converti à la démocratie avec la bénédiction des Nations unies, c'est à peine croyable !
3) C'est étonnant et à peine croyable quand on sait la redoutable vigilance de la censure égyptienne qui ne laisse même plus passer les baisers de "happy end".
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/10/article.php?sid=40902&cid=8
Cet obscur objet de fixation
Est-il naturel que la religion soit réduite au hidjab ? Est-ce qu'il est naturel que nous accordions au couvre chef de la femme musulmane plus d'importance que la prière, le jeûne et le respect d'une saine morale ? Est-il normal que le hidjab soit devenu la préoccupation majeure de la société et le point axial du débat entre les gens et dans les médias ? Est-ce qu'il est normal que les jeunes filles et les dames qui ne portent pas le hidjab soient soumises à une terrible guerre psychologique et à des humiliations dans la rue algérienne ?" "Si nous sommes d’accord pour dire que le port du hidjab est une affaire de liberté personnelle, il nous faut admettre que les pratiques qui entourent la question contredisent la notion de liberté et la notion même de personne avec.
Il y a un climat qui prédomine dans la rue, les universités et sur les lieux de travail et qui fait du port du hidjab un symbole de vertu. Ce qui signifie que la moralité et le comportement de celle qui ne met pas le hidjab sont sujets à caution. "A partir de là des milliers de jeunes filles sont victimes d'attaques agressives et de conseils assortis de menaces lorsqu'elles sortent de chez elles, têtes nues. Et tout ceci contredit les principes de tolérance de l'Islam tels que le verset divin qui proscrit la contrainte en religion ou encore le Hadith prophétique qui affirme : "Dieu ne vous juge pas à votre image et à votre apparence mais Dieu vous juge selon votre cœur et selon vos actes." "Or, depuis quelque temps, on entend parler d'un prêcheur qui s'est juré de mettre sous hidjab toutes les femmes d'Algérie, mariées ou célibataires. Nous voyons aussi dans les universités, les rues et même dans les voitures de métro des affiches qui appellent au port du hidjab et promettent malheurs et calamités à celles qui n'obtempéreraient pas. Cette fixation étrange sur la question du hidjab suscite la perplexité, voire la suspicion. Qu'y a-t-il donc derrière ces comportements récurrents et tellement opiniâtres ? "Si nous mettons ces comportements sur le compte d'une volonté farouche de faire appliquer les prescriptions religieuses, ce qui est un objectif estimable, nous devons rappeler que l'Islam nous appelle, en priorité à la prière, au jeûne et à l'observance d'une saine morale. L'Islam incite chaque individu à agir dans l'intérêt général et à rejeter le mensonge et l'hypocrisie. Ceux qui placent le hidjab au sommet de leurs préoccupations premières tiennent- ils compte de toutes ces prescriptions qui sont, de loin, plus importantes que le hidjab ? "On raconte aussi que des actrices se sont vu promettre de grosses sommes d'argent et des avantages énormes en contrepartie du port du hidjab. Que cela soit vrai ou pas, nous sentons ces jours-ci que le problème du hidjab est devenu la cause première des hommes et des femmes du monde arabe. C'est comme si nous étions engagés dans une guerre sainte que nous gagnerons lorsque toutes nos femmes porteront le hidjab. "Récemment, une star de cinéma à la carrière brillante et prometteuse (1) s'est convertie au hidjab. Personnellement, je respecte sa décision mais je dois dire quel a été mon étonnement de voir l'ampleur des manifestations de joie et d'extase qui ont accueilli ce geste. On aurait cru avoir gagné une bataille décisive contre l'ennemi. Pourquoi tout ceci et comment en sommes-nous arrivés là? "Il est sûr que le complexe vis-à-vis de la femme joue un grand rôle dans les sociétés arabes mais il y a une autre explication beaucoup plus inquiétante et en rapport avec notre situation actuelle. Il y a, en effet, derrière cet acharnement suspect à mettre en avant le hidjab des parties qui s'emploient à instrumentaliser la religion pour des objectifs politiques. Ces groupes exploitent le sujet de la propagation du hidjab pour donner l'illusion qu'ils contrôlent les consciences des gens mieux que ne le fait le gouvernement avec ses médias et ses institutions culturelles. Le hidjab est leur démonstration de force dans la rue algérienne et arabe et c'est un symbole de leur présence au sein de la société. "Il est évident que toutes les femmes en hidjab ne sont pas des extrémistes et qu'elles n'ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec la politique. Cependant, ce serait tomber dans le piège que d'ignorer le lien qu'il y a entre cet acharnement douteux sur le hidjab et sa signification politique qui me semble être la plus importante et la plus dangereuse. "Ma conviction est que l'Algérie est un objectif. Je ne doute pas un seul instant qu'il y a là des intérêts externes et internes qui voudraient que l'on gaspille notre énergie dans des questions de forme et qu'on laisse l'essentiel aux peuples avancés." Ce que vous venez de lire n'a pas paru dans un journal arabophone algérien (2), ce que je déplore. J'ai utilisé un petit subterfuge que vous me pardonnerez, je l'espère, en prenant la liberté de substituer l'Algérie à l'Egypte dans le texte qui précède. Il s'agit, en réalité, d'un commentaire de Cherif Choubachi, un des chroniqueurs attitrés du quotidien cairote Al-Ahram. Les faits et les situations décrites pourraient avoir pour cadre n'importe quel pays arabe et, a fortiori, l'Algérie. C'est ici que des refoulés agressent les femmes qui ne répondent pas à leurs avances par des injonctions du genre: "Assatri rouhak". Autrement dit, cache ta beauté à mes yeux de crainte que je ne puisse maîtriser mes sens. Une situation que résume, d'ailleurs, ironiquement la chanteuse indonésienne, Anguun, en ces termes : "En Indonésie, nous portons le hidjab pour protéger l'homme contre ses bas instincts. Ce qui démontre la supériorité de la femme sur l'homme." L'expansion du hidjab, cet obscur objet de fixation, la généralisation des prières "djahr" à micros ouverts (3) ne sont que les prémices de la société formatée aux normes wahhabites. La transformation des fêtes joyeuses de jadis en veillées sépulcrales serait la cerise sur le gâteau, en quelque sorte. On peut avoir un avant-goût des ces sociétés en observant les récents évènements du Koweït. Voilà un pays où presque toutes les femmes sont aux normes islamistes : hidjab, niqab et tout l'arsenal du camouflage. On leur dit que c'est pour être conformes à la religion. Une fois "hidjabisées", on leur ferme les portes du Parlement par des élections "propres et honnêtes". Vous me direz : "Mais à qui la faute si des femmes ont voté pour des hommes et non pas pour les candidates du même sexe qu'elles ?" C'est justement la question que je me suis toujours posée et, comme à chaque référendum, les réponses féminines ne sont jamais conformes à l'idéal démocratique. Serait-ce que le naturel féminin arabe est d'être proie et non pas d'être chasseur ? A. H.
(1) Il s'agit, pour les non initiés, de l'actrice égyptienne Hanane Turc qui donne notamment la réplique à Kadhem Essahr dans le clip vidéo "Ahibbini" (Aime-moi). Quand on a vu Hanane Turc et entendu parler de ses problèmes financiers, on peut dire que le hidjab est arrivé à point. Reste à savoir s'il y a un chèque à la clé.
(2) Je pense que pour déterminer, aujourd'hui, la ligne éditoriale d'un journal algérien arabophone, il faut lire ses pages religieuses. L'empreinte du salafisme y est plus que présente, pesante même. Quant à la presse francophone, elle oscille, à de rares exceptions près, entre une laïcité honteuse et un islamisme d'opportunité.
(3) Je vous parie le dernier clip de Shakira contre une cassette de Sendoussi que le premier quidam interrogé vous dira que c'est normal, au cas où il y aurait des doutes sur la religion officielle du pays.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/03/article.php?sid=40637&cid=8
Il y a un climat qui prédomine dans la rue, les universités et sur les lieux de travail et qui fait du port du hidjab un symbole de vertu. Ce qui signifie que la moralité et le comportement de celle qui ne met pas le hidjab sont sujets à caution. "A partir de là des milliers de jeunes filles sont victimes d'attaques agressives et de conseils assortis de menaces lorsqu'elles sortent de chez elles, têtes nues. Et tout ceci contredit les principes de tolérance de l'Islam tels que le verset divin qui proscrit la contrainte en religion ou encore le Hadith prophétique qui affirme : "Dieu ne vous juge pas à votre image et à votre apparence mais Dieu vous juge selon votre cœur et selon vos actes." "Or, depuis quelque temps, on entend parler d'un prêcheur qui s'est juré de mettre sous hidjab toutes les femmes d'Algérie, mariées ou célibataires. Nous voyons aussi dans les universités, les rues et même dans les voitures de métro des affiches qui appellent au port du hidjab et promettent malheurs et calamités à celles qui n'obtempéreraient pas. Cette fixation étrange sur la question du hidjab suscite la perplexité, voire la suspicion. Qu'y a-t-il donc derrière ces comportements récurrents et tellement opiniâtres ? "Si nous mettons ces comportements sur le compte d'une volonté farouche de faire appliquer les prescriptions religieuses, ce qui est un objectif estimable, nous devons rappeler que l'Islam nous appelle, en priorité à la prière, au jeûne et à l'observance d'une saine morale. L'Islam incite chaque individu à agir dans l'intérêt général et à rejeter le mensonge et l'hypocrisie. Ceux qui placent le hidjab au sommet de leurs préoccupations premières tiennent- ils compte de toutes ces prescriptions qui sont, de loin, plus importantes que le hidjab ? "On raconte aussi que des actrices se sont vu promettre de grosses sommes d'argent et des avantages énormes en contrepartie du port du hidjab. Que cela soit vrai ou pas, nous sentons ces jours-ci que le problème du hidjab est devenu la cause première des hommes et des femmes du monde arabe. C'est comme si nous étions engagés dans une guerre sainte que nous gagnerons lorsque toutes nos femmes porteront le hidjab. "Récemment, une star de cinéma à la carrière brillante et prometteuse (1) s'est convertie au hidjab. Personnellement, je respecte sa décision mais je dois dire quel a été mon étonnement de voir l'ampleur des manifestations de joie et d'extase qui ont accueilli ce geste. On aurait cru avoir gagné une bataille décisive contre l'ennemi. Pourquoi tout ceci et comment en sommes-nous arrivés là? "Il est sûr que le complexe vis-à-vis de la femme joue un grand rôle dans les sociétés arabes mais il y a une autre explication beaucoup plus inquiétante et en rapport avec notre situation actuelle. Il y a, en effet, derrière cet acharnement suspect à mettre en avant le hidjab des parties qui s'emploient à instrumentaliser la religion pour des objectifs politiques. Ces groupes exploitent le sujet de la propagation du hidjab pour donner l'illusion qu'ils contrôlent les consciences des gens mieux que ne le fait le gouvernement avec ses médias et ses institutions culturelles. Le hidjab est leur démonstration de force dans la rue algérienne et arabe et c'est un symbole de leur présence au sein de la société. "Il est évident que toutes les femmes en hidjab ne sont pas des extrémistes et qu'elles n'ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec la politique. Cependant, ce serait tomber dans le piège que d'ignorer le lien qu'il y a entre cet acharnement douteux sur le hidjab et sa signification politique qui me semble être la plus importante et la plus dangereuse. "Ma conviction est que l'Algérie est un objectif. Je ne doute pas un seul instant qu'il y a là des intérêts externes et internes qui voudraient que l'on gaspille notre énergie dans des questions de forme et qu'on laisse l'essentiel aux peuples avancés." Ce que vous venez de lire n'a pas paru dans un journal arabophone algérien (2), ce que je déplore. J'ai utilisé un petit subterfuge que vous me pardonnerez, je l'espère, en prenant la liberté de substituer l'Algérie à l'Egypte dans le texte qui précède. Il s'agit, en réalité, d'un commentaire de Cherif Choubachi, un des chroniqueurs attitrés du quotidien cairote Al-Ahram. Les faits et les situations décrites pourraient avoir pour cadre n'importe quel pays arabe et, a fortiori, l'Algérie. C'est ici que des refoulés agressent les femmes qui ne répondent pas à leurs avances par des injonctions du genre: "Assatri rouhak". Autrement dit, cache ta beauté à mes yeux de crainte que je ne puisse maîtriser mes sens. Une situation que résume, d'ailleurs, ironiquement la chanteuse indonésienne, Anguun, en ces termes : "En Indonésie, nous portons le hidjab pour protéger l'homme contre ses bas instincts. Ce qui démontre la supériorité de la femme sur l'homme." L'expansion du hidjab, cet obscur objet de fixation, la généralisation des prières "djahr" à micros ouverts (3) ne sont que les prémices de la société formatée aux normes wahhabites. La transformation des fêtes joyeuses de jadis en veillées sépulcrales serait la cerise sur le gâteau, en quelque sorte. On peut avoir un avant-goût des ces sociétés en observant les récents évènements du Koweït. Voilà un pays où presque toutes les femmes sont aux normes islamistes : hidjab, niqab et tout l'arsenal du camouflage. On leur dit que c'est pour être conformes à la religion. Une fois "hidjabisées", on leur ferme les portes du Parlement par des élections "propres et honnêtes". Vous me direz : "Mais à qui la faute si des femmes ont voté pour des hommes et non pas pour les candidates du même sexe qu'elles ?" C'est justement la question que je me suis toujours posée et, comme à chaque référendum, les réponses féminines ne sont jamais conformes à l'idéal démocratique. Serait-ce que le naturel féminin arabe est d'être proie et non pas d'être chasseur ? A. H.
(1) Il s'agit, pour les non initiés, de l'actrice égyptienne Hanane Turc qui donne notamment la réplique à Kadhem Essahr dans le clip vidéo "Ahibbini" (Aime-moi). Quand on a vu Hanane Turc et entendu parler de ses problèmes financiers, on peut dire que le hidjab est arrivé à point. Reste à savoir s'il y a un chèque à la clé.
(2) Je pense que pour déterminer, aujourd'hui, la ligne éditoriale d'un journal algérien arabophone, il faut lire ses pages religieuses. L'empreinte du salafisme y est plus que présente, pesante même. Quant à la presse francophone, elle oscille, à de rares exceptions près, entre une laïcité honteuse et un islamisme d'opportunité.
(3) Je vous parie le dernier clip de Shakira contre une cassette de Sendoussi que le premier quidam interrogé vous dira que c'est normal, au cas où il y aurait des doutes sur la religion officielle du pays.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/03/article.php?sid=40637&cid=8
Ben Laden chute à Amman
Des nouvelles de notre ami Djamel Al-Bana: il persiste et signe. Le livre qu'il compte publier prochainement au Caire s'attache à réfuter la peine de mort infligée aux apostats. Le magazine Elaph l'a interviewé la semaine dernière à Dubaï. Le frère cadet de Hassan Al-Bana revient sur des points de vue qui suscitent encore la controverse et la polémique. Le penseur égyptien, décidément en verve, enfonce le clou en réitérant ses idées concernant le droit de la femme à exercer le sacerdoce d'imam.
Il estime que le refus de ce droit est une forme de ségrégation sexiste. Concernant le hidjab, il déplore que "le monde entier soit tourné vers des problèmes de puissance et de sciences alors que nous ne pensons qu'à ce petit morceau de tissu pour en couvrir les cheveux féminins. Et si la femme ne couvre pas ses cheveux, c'est le branle bas de combat et c'est l'Islam qui est déshonoré. Ce sont des sornettes sans intérêt et il y a des dames sans hidjab qui sont les meilleures représentantes de l'Islam". Djamel Al-Bana développe encore son opinion sur l'apparition des compagnons (du Prophète) et des khalifes dans des films cinématographiques. Ils ne sont pas immaculés, dit-il, et je ne vois pas pourquoi on ne les montrerait pas au cinéma. Al-Bana estime que le débat actuel en Occident est un signe encourageant pour les cinéastes arabes. Comme il a la dent dure contre certains personnages, il suggère même de consacrer le prochain film à Muawiya. "Si Muawiya, fils de Abou-Soufiane (1) avait été stigmatisé en l'an 40 de l'hégire pour avoir transformé la khalifat en monarchie absolue, jusqu'à nos jours, ça n'aurait été que justice", affirme-t-il. Concernant son prochain livre, il traitera, entre autres, des penseurs actuels égyptiens et de leurs réserves à l'égard de la liberté religieuse (article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme relatif au libre choix religieux). Les plus grands penseurs chez nous sont des fondamentalistes qui n'arrivent pas à se libérer de l'emprise du "salafisme". Alors que nous disons qu'il n'y aura aucun progrès sans passer outre le "salafisme". Lorsque chaque musulman se rattache l'un des quatre rites et prend pour argent comptant les paroles des exégètes et des rapporteurs de "Hadiths", il ne peut avoir de renouveau". A l'instar du Syrien Mohamed Shahrour, Djamel Al- Bana pense qu'il faut d'abord réformer la religion. "La réforme de la religion est plus importante que la réforme politique, dit-il. Elle s'attache d'abord à réformer l'homme et c'est, en sens, qu'elle est profitable à la politique. Même si la politique est bonne, que peut-on faire d'un homme paresseux qui ne pense pas et dont la conscience est tournée exclusivement vers l'adoration religieuse ? A partir du moment où cet homme pratique la prière et le jeûne, il peut être opportuniste et menteur et aucune réforme politique ne pourra le changer". Ces propos me font penser à l'insoutenable cynisme des députés islamistes qui ont défié le peuple jordanien en rendant hommage au terroriste Zarqaoui. Sous la plume de Ahmed Abou- Matar, le quotidien qatari Al-Raya ironise sur la fetwa des quatre "élus" confiant les clés du paradis à Zarqaoui. La provocation a atteint son paroxysme, selon notre confrère, avec la fetwa de l'un des islamistes-zarqaouistes, Mohamed Abou Fares. "Cette fetwa complémentaire que le député a sortie de sa caissette personnelle octroie à Zarqaoui les qualités de chahid, de Moudjahid (2) et d'intercesseur, dans son Au-delà, pour soixantedix personnes parmi les membres de sa famille et ses amis." "Evidemment, ironise Ahmed Abou Matar, il ne nous éclaire pas sur les fondements théologiques de ce chiffre de soixante-dix dont je n'ai trouvé trace nulle part dans les livres. Ce qui m'amène à penser qu'il a choisi le chiffre de soixante-dix pour qu'il soit supérieur d'une dizaine aux soixante innocents que le criminel a assassinés dans les explosions de Amman (3) le 9 novembre 2005." Le journal cite également la réaction de l'avocat et député jordanien Abdelkrim Deghmi qui somme le mouvement des Frères musulmans (dont sont membres les quatre trémulants) de prendre clairement position. Il dénonce à son tour l'apparition d'un courant dominant dans la mouvance islamiste qui procède par l'anathème et forment des gens comme Zarqaoui. "Cette tendance extrémiste est influente au sein des organisations islamistes dans plusieurs pays arabes, souligne-t-il. Sinon, comment expliquer autrement ces propos du leader des Frères musulmans d'Egypte, Mehdi Akef : “Toz à l'Egypte, au père de l'Egypte et à tout ce qu'il y a en Egypte.” Dans un autre entretien, ajoute Abdelkrim Deghmi, il a prétendu que "le peuple égyptien était prêt à donner des coups de pied aux opposants des Frères musulmans". Ce courant qui sévit dans tout le monde arabe est le plus dangereux pour nos sociétés. On a vu les malheurs qu'il a provoqués en Algérie. Il tente encore, de temps à autre, d'imposer les mêmes méthodes en Arabie saoudite, en Egypte et dans d'autres pays", conclut le parlementaire jordanien. La réprobation suscitée au sein de la population jordanienne par l'attitude des quatre députés islamistes s'explique sans doute par la baisse de popularité de Ben Laden dans ces contrées. Un sondage réalisé par l'institut américain "Pew Global Attitude Project" (http://pewglobal.org/ ) le confirme, en tout cas. Ce sondage, rendu public jeudi dernier, montre, en effet, que le capital de confiance dont jouissait Ben Laden dans les pays musulmans est en régression. Cette régression est particulièrement significative en Jordanie où Ben Laden a dégringolé de 60% à 24% de cote de popularité. En Egypte, en Turquie et en Indonésie, les opinions sont majoritairement partagées entre "peu de confiance" et "pas de confiance du tout". Par contre, le Pakistan et le Nigeria, connus pour avoir des opinions publiques extrémistes, sont en majorité pour le chef d'Al-Qaïda (l'Algérie n'est pas citée dans le sondage). Autre élément qui ne constitue guère une surprise : la majorité en Indonésie, en Turquie, en Jordanie, en Egypte ainsi que 56% des musulmans de Grande- Bretagne ne croient pas que les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis ont été commis par des Arabes. Ce qui nous conduit à parler de l'autre aspect du sondage qui concerne la façon dont les musulmans voient les Juifs. 99% des Jordaniens, 98% des Egyptiens et 94% des Pakistanais ont une opinion négative des Juifs. De plus 28% des Jordaniens et 22% des Egyptiens considèrent que les Juifs sont la cause des mauvaises relations entre les musulmans et l'Occident. Cela, bien entendu, sans que la question leur ait été posée sous cet angle. En attendant le prochain sondage, nos écoles et nos mosquées continuent imperturbablement à distiller le bon message, que ce soit sur le terrorisme ou sur les rapports avec les Juifs.A. H.
(1) Abou Soufiane conduisait la coalition contre le Prophète. Il s'est converti quand il a vu que tout était perdu. La féroce Hind, son épouse, s'est, elle aussi, convertie. C'est le couple "marsien" de l'Islam. Ils ont poussé leur fils jusqu'au trône et, aujourd'hui encore, ils sont parmi nous.
(2) Une question taraude mon esprit et sans doute le vôtre: comment seront traités les "moudjahidine" qui assassinent actuellement nos soldats et nos policiers ?
(3) Sur Al-Jazira, toujours, un "douktour" islamiste, hôte d'un pays de "kouffars", a affirmé que l'erreur de Zarqaoui a été de tuer des Jordaniens. Ce qui a amené les services jordaniens à contribuer à sa perte. En somme, s'il s'était limité à massacrer des Irakiens, il aurait poursuivi encore sa carrière de boucher. Les experts d’Al-Jazira ont décidément une explication à tout.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/26/article.php?sid=40303&cid=8
Il estime que le refus de ce droit est une forme de ségrégation sexiste. Concernant le hidjab, il déplore que "le monde entier soit tourné vers des problèmes de puissance et de sciences alors que nous ne pensons qu'à ce petit morceau de tissu pour en couvrir les cheveux féminins. Et si la femme ne couvre pas ses cheveux, c'est le branle bas de combat et c'est l'Islam qui est déshonoré. Ce sont des sornettes sans intérêt et il y a des dames sans hidjab qui sont les meilleures représentantes de l'Islam". Djamel Al-Bana développe encore son opinion sur l'apparition des compagnons (du Prophète) et des khalifes dans des films cinématographiques. Ils ne sont pas immaculés, dit-il, et je ne vois pas pourquoi on ne les montrerait pas au cinéma. Al-Bana estime que le débat actuel en Occident est un signe encourageant pour les cinéastes arabes. Comme il a la dent dure contre certains personnages, il suggère même de consacrer le prochain film à Muawiya. "Si Muawiya, fils de Abou-Soufiane (1) avait été stigmatisé en l'an 40 de l'hégire pour avoir transformé la khalifat en monarchie absolue, jusqu'à nos jours, ça n'aurait été que justice", affirme-t-il. Concernant son prochain livre, il traitera, entre autres, des penseurs actuels égyptiens et de leurs réserves à l'égard de la liberté religieuse (article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme relatif au libre choix religieux). Les plus grands penseurs chez nous sont des fondamentalistes qui n'arrivent pas à se libérer de l'emprise du "salafisme". Alors que nous disons qu'il n'y aura aucun progrès sans passer outre le "salafisme". Lorsque chaque musulman se rattache l'un des quatre rites et prend pour argent comptant les paroles des exégètes et des rapporteurs de "Hadiths", il ne peut avoir de renouveau". A l'instar du Syrien Mohamed Shahrour, Djamel Al- Bana pense qu'il faut d'abord réformer la religion. "La réforme de la religion est plus importante que la réforme politique, dit-il. Elle s'attache d'abord à réformer l'homme et c'est, en sens, qu'elle est profitable à la politique. Même si la politique est bonne, que peut-on faire d'un homme paresseux qui ne pense pas et dont la conscience est tournée exclusivement vers l'adoration religieuse ? A partir du moment où cet homme pratique la prière et le jeûne, il peut être opportuniste et menteur et aucune réforme politique ne pourra le changer". Ces propos me font penser à l'insoutenable cynisme des députés islamistes qui ont défié le peuple jordanien en rendant hommage au terroriste Zarqaoui. Sous la plume de Ahmed Abou- Matar, le quotidien qatari Al-Raya ironise sur la fetwa des quatre "élus" confiant les clés du paradis à Zarqaoui. La provocation a atteint son paroxysme, selon notre confrère, avec la fetwa de l'un des islamistes-zarqaouistes, Mohamed Abou Fares. "Cette fetwa complémentaire que le député a sortie de sa caissette personnelle octroie à Zarqaoui les qualités de chahid, de Moudjahid (2) et d'intercesseur, dans son Au-delà, pour soixantedix personnes parmi les membres de sa famille et ses amis." "Evidemment, ironise Ahmed Abou Matar, il ne nous éclaire pas sur les fondements théologiques de ce chiffre de soixante-dix dont je n'ai trouvé trace nulle part dans les livres. Ce qui m'amène à penser qu'il a choisi le chiffre de soixante-dix pour qu'il soit supérieur d'une dizaine aux soixante innocents que le criminel a assassinés dans les explosions de Amman (3) le 9 novembre 2005." Le journal cite également la réaction de l'avocat et député jordanien Abdelkrim Deghmi qui somme le mouvement des Frères musulmans (dont sont membres les quatre trémulants) de prendre clairement position. Il dénonce à son tour l'apparition d'un courant dominant dans la mouvance islamiste qui procède par l'anathème et forment des gens comme Zarqaoui. "Cette tendance extrémiste est influente au sein des organisations islamistes dans plusieurs pays arabes, souligne-t-il. Sinon, comment expliquer autrement ces propos du leader des Frères musulmans d'Egypte, Mehdi Akef : “Toz à l'Egypte, au père de l'Egypte et à tout ce qu'il y a en Egypte.” Dans un autre entretien, ajoute Abdelkrim Deghmi, il a prétendu que "le peuple égyptien était prêt à donner des coups de pied aux opposants des Frères musulmans". Ce courant qui sévit dans tout le monde arabe est le plus dangereux pour nos sociétés. On a vu les malheurs qu'il a provoqués en Algérie. Il tente encore, de temps à autre, d'imposer les mêmes méthodes en Arabie saoudite, en Egypte et dans d'autres pays", conclut le parlementaire jordanien. La réprobation suscitée au sein de la population jordanienne par l'attitude des quatre députés islamistes s'explique sans doute par la baisse de popularité de Ben Laden dans ces contrées. Un sondage réalisé par l'institut américain "Pew Global Attitude Project" (http://pewglobal.org/ ) le confirme, en tout cas. Ce sondage, rendu public jeudi dernier, montre, en effet, que le capital de confiance dont jouissait Ben Laden dans les pays musulmans est en régression. Cette régression est particulièrement significative en Jordanie où Ben Laden a dégringolé de 60% à 24% de cote de popularité. En Egypte, en Turquie et en Indonésie, les opinions sont majoritairement partagées entre "peu de confiance" et "pas de confiance du tout". Par contre, le Pakistan et le Nigeria, connus pour avoir des opinions publiques extrémistes, sont en majorité pour le chef d'Al-Qaïda (l'Algérie n'est pas citée dans le sondage). Autre élément qui ne constitue guère une surprise : la majorité en Indonésie, en Turquie, en Jordanie, en Egypte ainsi que 56% des musulmans de Grande- Bretagne ne croient pas que les attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis ont été commis par des Arabes. Ce qui nous conduit à parler de l'autre aspect du sondage qui concerne la façon dont les musulmans voient les Juifs. 99% des Jordaniens, 98% des Egyptiens et 94% des Pakistanais ont une opinion négative des Juifs. De plus 28% des Jordaniens et 22% des Egyptiens considèrent que les Juifs sont la cause des mauvaises relations entre les musulmans et l'Occident. Cela, bien entendu, sans que la question leur ait été posée sous cet angle. En attendant le prochain sondage, nos écoles et nos mosquées continuent imperturbablement à distiller le bon message, que ce soit sur le terrorisme ou sur les rapports avec les Juifs.A. H.
(1) Abou Soufiane conduisait la coalition contre le Prophète. Il s'est converti quand il a vu que tout était perdu. La féroce Hind, son épouse, s'est, elle aussi, convertie. C'est le couple "marsien" de l'Islam. Ils ont poussé leur fils jusqu'au trône et, aujourd'hui encore, ils sont parmi nous.
(2) Une question taraude mon esprit et sans doute le vôtre: comment seront traités les "moudjahidine" qui assassinent actuellement nos soldats et nos policiers ?
(3) Sur Al-Jazira, toujours, un "douktour" islamiste, hôte d'un pays de "kouffars", a affirmé que l'erreur de Zarqaoui a été de tuer des Jordaniens. Ce qui a amené les services jordaniens à contribuer à sa perte. En somme, s'il s'était limité à massacrer des Irakiens, il aurait poursuivi encore sa carrière de boucher. Les experts d’Al-Jazira ont décidément une explication à tout.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/26/article.php?sid=40303&cid=8
La preuve par Zarkaoui
Une vieille tradition de ce pays veut qu'on enterre un parent, victime d'un meurtre, juste devant l'entrée de sa maison. Afin, dit-on, que le ou les meurtriers n'enjambent pas la tombe du défunt, rééditant ainsi le crime. Les diplomates algériens Belaroussi et Belkadi, assassinés par Zarqaoui, n'ont pas eu de sépulture mais leurs tombes virtuelles sont régulièrement profanées, sous les yeux de leurs familles indignées et de leurs concitoyens apathiques.
Il est vrai qu'on vit une époque où seules les victimes sont sommées d'être algériennes et de pardonner en vertu de la loi. Les victimes ne sont qu'algériennes et ne doivent allégeance qu'à leur drapeau. Les bourreaux et leurs théoriciens n'ont de comptes à rendre qu'à Dieu, c'est ce qu'ils disent, et les frontières de leur patrie sont celles que dessinent Zarqaoui et les siens. C'est au nom de ce principe que Benhadj et d'autres islamistes, en fuite ou salariés, justifient qu'on tue des Algériens, ici ou là-bas. Jusqu'à la mort de Zarqaoui, ses émules n'osaient pas trop pousser des cris d'allégresse au récit de ses carnages. La disparition du terroriste jordanien a, paradoxalement, libéré ses partisans et ses admirateurs de toutes entraves, comme celles de la pudeur et de la décence. Dans cet exercice, on notera la "performance" des quatre députés jordaniens Mohamed Abou Fares, Ali Abou Sakar, Ibrahim Al- Machoukhi et Djafar Al-Hourani (1). Ces quatre élus de la mouvance islamiste, vous l'aurez deviné, se sont déplacés à Zarqa, village natal de Abou Mossaab, pour rendre hommage au terroriste défunt. Le théologien attitré du groupe, Abou Fares, a décerné la qualité de "chahid" à Zarqaoui, la confisquant du même coup aux victimes de ses attentats en Jordanie même. Devant la tempête de protestations, les dirigeants du "Front de l'action islamique" (Frères musulmans), parti des quatre parlementaires, a usé de la formule traditionnelle. Leur porte-parole ne condamne pas la démarche et les propos mais précise qu'elle est de la seule responsabilité de ces élus. Quant à la qualité de "chahid", le débat n'est pas encore tranché, aux dires de ce monsieur, puisque des divergences existent dans ce domaine. Une réponse que vous pouvez entendre aussi bien à Amman qu'au Climatde- France. En Palestine, on a fait mieux : des manifestations "spontanées" ont éclaté en signe de protestation contre l'assassinat (sic) de Zarqaoui par les Américains. Hamas, dont une branche arthritique sévit en Algérie, a rendu hommage au terroriste. Ce qui conforte les inquiétudes du président palestinien quant à une accointance du Hamas avec le groupe Al-Qaïda. Comme c'est la saison des rappels, notez que Ben Laden a d'abord servi les Etats-Unis avant de se retourner contre eux. Quant aux liens du Hamas avec Israël, il faut juste se souvenir de l'époque où ses hommes paradaient impunément en Cisjordanie alors que les autres groupes palestiniens étaient impitoyablement traqués. La preuve par Zarqaoui ainsi établie, il ne faudra pas vous étonner, demain, que les familles Belaroussi et Belkadi vous claquent la porte au nez si vous les sollicitez au nom de la solidarité arabe. Ne soyez pas choqués encore que le président Chirac "demande" aux Palestiniens de reconnaître Israël et "prie" Ehud Olmert de négocier avec les Palestiniens. Entre demander et prier, la nuance est de taille. C'est le gouffre qui sépare Israéliens et Arabes dans le regard de l'Occident. Ce n'est pas le soutien occidental à l'Etat sioniste qui rend les Arabes irréductibles mais plutôt l'inverse. Depuis la volée de bois vert arabe infligée à Bourguiba, parce qu'il proposait de négocier avec Israël, il y a toujours un clan influent pour dire non à n'importe quelle initiative même après avoir dit oui à tout. On est loin du retour aux frontières d'avant juin 1967 et les Palestiniens s'installent sur des lambeaux d'Etat mais les "refuznik" sont toujours là. Avant, ils le faisaient au nom de l'unité arabe, ce qui était compréhensif, aujourd'hui, c'est l'Islam qui est attaqué. Ils proclament le "djihad" et la nécessité de tuer beaucoup de musulmans pour sauver la religion. Zarqaoui a tué beaucoup plus d'Arabes un peu partout qu'Israël en Palestine mais les grands médias, comme les télévisions satellitaires, en ont fait un martyr. Où s'arrêteront le délire et la frénésie des trémulants? Le fécond et non régressif chroniqueur du magazine Elaph, Khaled Mountassar, ne voit pas de limites à cette quête systématique du divin. "L'islam se décline sous toutes les étiquettes commerciales, dit-il, que ce soit pour la coiffure islamique, le maillot de bain islamique, le téléphone islamique ou la grippe aviaire islamique". Sur ce dernier point, il brocarde le dernier avatar d'un homme politique, Mohamed Abdelal, qui vient de publier un livre intitulé l'Islam et la grippe aviaire. Cet ouvrage est une compilation de références religieuses sur la manière de combattre la grippe aviaire. Il affirme, entre autres, que la maladie est une punition de Dieu, une croyance très largement répandue aujourd'hui. Khaled Mountassar se souvient que Mohamed Abdelal a créé avec le chanteur Chaabane Abderrahim (2) un mouvement de soutien à Moubarak pour contrer le mouvement "Kifaya". Khaled Mountassar, qui dénonce régulièrement l'expansion de la superstition et de la crédulité populaires, cible en particulier les télévisions qui sont les principaux instruments du développement de ces phénomènes. Il note ainsi l'apparition d'une nouvelle mode qui consiste à proposer le "niqab" comme étape obligée après celle du "hidjab". Lisez plutôt : "Pouvez-vous imaginer ou concevoir que Dieu le Très Haut, le Miséricordieux, puisse mettre le feu à une maison et y détruire tout ce qu'elle contient rien que pour obliger une femme à abandonner le "hidjab" ou l'écharpe pour le "niqab"? C'est pourtant ce que j'ai vu et entendu de la part de la téléspeakerine repentie et retraitée Kamélia Al-Arabi. Elle est la sœur de l'acteur repenti et retraité, héros du film Hammam Al-Malatili, Mohamed Al-Arabi. C'est également la sœur de l'acteur repenti et en semi-retraite, Ouejdi Al-Arabi". Kamélia raconte que sa maison a brûlé et que tout l'argent de son mari, réalisateur de clips musicaux, a brûlé avec. Il avait retiré toutes ses économies de la banque (3) parce que celle-ci pratiquait l'usure (comprendre intérêts). Elle raconte également qu'un exemplaire du Coran est resté intact. C'est ce qui l'a déterminée à passer à franchir l'étape du "niqab". Perplexité encore de Khaled Mountassar qui se demande comment un exemplaire du Coran, en papier, peut échapper aux flammes alors que des billets de banque ont brûlé. Dans ce cas, dit-il, pourquoi ne pas brûler l'argent des banques suisses ? (4). Le chroniqueur égyptien interpelle, enfin, Cheikh Salah Kamel, propriétaire d'ART : "L'Islam, ce n'est pas la Coupe du monde pour que vous puissiez vous permettre de le monopoliser comme vous le faites pour le football." Khaled Mountassar devrait pourtant savoir que les monopoles prospèrent d'abord en religion. Le reste ou la conséquence viennent après. A. H.
(1) Je ne cite pas ces noms pour vous donner des écorchures aux lèvres mais pour vous en souvenir au cas où… la mémoire des victimes est plus fragile que celle des bourreaux, c'est connu. Qui sait ? Ces députés pourraient bien être invités, un jour, à venir ranimer notre foi vacillante.
(2) Vous savez, celui qui chante contre la grippe aviaire.
(3) Le repentir est une excellente raison sociale pour une entreprise familiale. Au fait, essayez de comparer les "intérêts" de la banque "Al-Baraka" avec ceux des autres établissements financiers dans les crédits voitures.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/19/article.php?sid=39967&cid=8
Il est vrai qu'on vit une époque où seules les victimes sont sommées d'être algériennes et de pardonner en vertu de la loi. Les victimes ne sont qu'algériennes et ne doivent allégeance qu'à leur drapeau. Les bourreaux et leurs théoriciens n'ont de comptes à rendre qu'à Dieu, c'est ce qu'ils disent, et les frontières de leur patrie sont celles que dessinent Zarqaoui et les siens. C'est au nom de ce principe que Benhadj et d'autres islamistes, en fuite ou salariés, justifient qu'on tue des Algériens, ici ou là-bas. Jusqu'à la mort de Zarqaoui, ses émules n'osaient pas trop pousser des cris d'allégresse au récit de ses carnages. La disparition du terroriste jordanien a, paradoxalement, libéré ses partisans et ses admirateurs de toutes entraves, comme celles de la pudeur et de la décence. Dans cet exercice, on notera la "performance" des quatre députés jordaniens Mohamed Abou Fares, Ali Abou Sakar, Ibrahim Al- Machoukhi et Djafar Al-Hourani (1). Ces quatre élus de la mouvance islamiste, vous l'aurez deviné, se sont déplacés à Zarqa, village natal de Abou Mossaab, pour rendre hommage au terroriste défunt. Le théologien attitré du groupe, Abou Fares, a décerné la qualité de "chahid" à Zarqaoui, la confisquant du même coup aux victimes de ses attentats en Jordanie même. Devant la tempête de protestations, les dirigeants du "Front de l'action islamique" (Frères musulmans), parti des quatre parlementaires, a usé de la formule traditionnelle. Leur porte-parole ne condamne pas la démarche et les propos mais précise qu'elle est de la seule responsabilité de ces élus. Quant à la qualité de "chahid", le débat n'est pas encore tranché, aux dires de ce monsieur, puisque des divergences existent dans ce domaine. Une réponse que vous pouvez entendre aussi bien à Amman qu'au Climatde- France. En Palestine, on a fait mieux : des manifestations "spontanées" ont éclaté en signe de protestation contre l'assassinat (sic) de Zarqaoui par les Américains. Hamas, dont une branche arthritique sévit en Algérie, a rendu hommage au terroriste. Ce qui conforte les inquiétudes du président palestinien quant à une accointance du Hamas avec le groupe Al-Qaïda. Comme c'est la saison des rappels, notez que Ben Laden a d'abord servi les Etats-Unis avant de se retourner contre eux. Quant aux liens du Hamas avec Israël, il faut juste se souvenir de l'époque où ses hommes paradaient impunément en Cisjordanie alors que les autres groupes palestiniens étaient impitoyablement traqués. La preuve par Zarqaoui ainsi établie, il ne faudra pas vous étonner, demain, que les familles Belaroussi et Belkadi vous claquent la porte au nez si vous les sollicitez au nom de la solidarité arabe. Ne soyez pas choqués encore que le président Chirac "demande" aux Palestiniens de reconnaître Israël et "prie" Ehud Olmert de négocier avec les Palestiniens. Entre demander et prier, la nuance est de taille. C'est le gouffre qui sépare Israéliens et Arabes dans le regard de l'Occident. Ce n'est pas le soutien occidental à l'Etat sioniste qui rend les Arabes irréductibles mais plutôt l'inverse. Depuis la volée de bois vert arabe infligée à Bourguiba, parce qu'il proposait de négocier avec Israël, il y a toujours un clan influent pour dire non à n'importe quelle initiative même après avoir dit oui à tout. On est loin du retour aux frontières d'avant juin 1967 et les Palestiniens s'installent sur des lambeaux d'Etat mais les "refuznik" sont toujours là. Avant, ils le faisaient au nom de l'unité arabe, ce qui était compréhensif, aujourd'hui, c'est l'Islam qui est attaqué. Ils proclament le "djihad" et la nécessité de tuer beaucoup de musulmans pour sauver la religion. Zarqaoui a tué beaucoup plus d'Arabes un peu partout qu'Israël en Palestine mais les grands médias, comme les télévisions satellitaires, en ont fait un martyr. Où s'arrêteront le délire et la frénésie des trémulants? Le fécond et non régressif chroniqueur du magazine Elaph, Khaled Mountassar, ne voit pas de limites à cette quête systématique du divin. "L'islam se décline sous toutes les étiquettes commerciales, dit-il, que ce soit pour la coiffure islamique, le maillot de bain islamique, le téléphone islamique ou la grippe aviaire islamique". Sur ce dernier point, il brocarde le dernier avatar d'un homme politique, Mohamed Abdelal, qui vient de publier un livre intitulé l'Islam et la grippe aviaire. Cet ouvrage est une compilation de références religieuses sur la manière de combattre la grippe aviaire. Il affirme, entre autres, que la maladie est une punition de Dieu, une croyance très largement répandue aujourd'hui. Khaled Mountassar se souvient que Mohamed Abdelal a créé avec le chanteur Chaabane Abderrahim (2) un mouvement de soutien à Moubarak pour contrer le mouvement "Kifaya". Khaled Mountassar, qui dénonce régulièrement l'expansion de la superstition et de la crédulité populaires, cible en particulier les télévisions qui sont les principaux instruments du développement de ces phénomènes. Il note ainsi l'apparition d'une nouvelle mode qui consiste à proposer le "niqab" comme étape obligée après celle du "hidjab". Lisez plutôt : "Pouvez-vous imaginer ou concevoir que Dieu le Très Haut, le Miséricordieux, puisse mettre le feu à une maison et y détruire tout ce qu'elle contient rien que pour obliger une femme à abandonner le "hidjab" ou l'écharpe pour le "niqab"? C'est pourtant ce que j'ai vu et entendu de la part de la téléspeakerine repentie et retraitée Kamélia Al-Arabi. Elle est la sœur de l'acteur repenti et retraité, héros du film Hammam Al-Malatili, Mohamed Al-Arabi. C'est également la sœur de l'acteur repenti et en semi-retraite, Ouejdi Al-Arabi". Kamélia raconte que sa maison a brûlé et que tout l'argent de son mari, réalisateur de clips musicaux, a brûlé avec. Il avait retiré toutes ses économies de la banque (3) parce que celle-ci pratiquait l'usure (comprendre intérêts). Elle raconte également qu'un exemplaire du Coran est resté intact. C'est ce qui l'a déterminée à passer à franchir l'étape du "niqab". Perplexité encore de Khaled Mountassar qui se demande comment un exemplaire du Coran, en papier, peut échapper aux flammes alors que des billets de banque ont brûlé. Dans ce cas, dit-il, pourquoi ne pas brûler l'argent des banques suisses ? (4). Le chroniqueur égyptien interpelle, enfin, Cheikh Salah Kamel, propriétaire d'ART : "L'Islam, ce n'est pas la Coupe du monde pour que vous puissiez vous permettre de le monopoliser comme vous le faites pour le football." Khaled Mountassar devrait pourtant savoir que les monopoles prospèrent d'abord en religion. Le reste ou la conséquence viennent après. A. H.
(1) Je ne cite pas ces noms pour vous donner des écorchures aux lèvres mais pour vous en souvenir au cas où… la mémoire des victimes est plus fragile que celle des bourreaux, c'est connu. Qui sait ? Ces députés pourraient bien être invités, un jour, à venir ranimer notre foi vacillante.
(2) Vous savez, celui qui chante contre la grippe aviaire.
(3) Le repentir est une excellente raison sociale pour une entreprise familiale. Au fait, essayez de comparer les "intérêts" de la banque "Al-Baraka" avec ceux des autres établissements financiers dans les crédits voitures.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/19/article.php?sid=39967&cid=8
Et si on en embrassait le oua-oua !
L'ambiance est au football. Nous ne sommes pas à la Coupe du monde mais tout le monde parle de nous à cause de "Cheikh Salah". Heureusement, le bon vieux réflexe romain a joué : "Panem et circenses". Du pain et des jeux ! Certes, le pain est un peu rassis, en plus d'une tendance à l'anémie qui ne doit rien à un virus étrange mais nous avons les jeux du stade (1), comme jadis les Romains avaient ceux du cirque. Le parallèle est aussi limpide qu'une passe de Zidane et il n'aura pas échappé à nos clairvoyants dirigeants.
Le temps restant quand même à l'orage, j'ai résolu de vous divertir plutôt que d'assombrir votre lundi avec des problèmes trop sérieux. Sérieux, les Koweïtiens ne le sont pas. Je veux parler de la male engeance du Koweït. Ces messieurs daignent relâcher, enfin, leur emprise sur les femmes. Ils leur accordent le droit de voter et d'être éligibles et le monde entier applaudit cette avancée spectaculaire dans un pays stagnant (2). Toutefois, et à deux semaines des législatives, les Koweïtiens se demandent si les Koweïtiennes ne vont pas, contrairement à eux, prendre leurs bulletins de vote au sérieux. Alors, ils leur cherchent des poux sous le hidjab. Ils ont pour cela un grand expert en la personne de Mohamed Ettatabaï (3), doyen de la faculté de théologie à Koweit City et grossiste en fetwas. La semaine dernière, il en a lancé une sur le marché qui a suscité autant d'engouement masculin que les cartes ART de tonton Salah. La fetwa, citée par Echarq-al-Awsat, proclame que "le vote de la femme mariée doit être conforme au choix de son mari même si son intention était de voter pour un candidat rejeté par son époux. Si ce dernier brandit la menace de la répudiation, celle-ci devient effective au cas où la femme voterait pour un candidat non agréé par son mari. Ceci, même si la désobéissance a été commise en secret (4) et n'a pas été portée à la connaissance du conjoint". Réagissant à ce texte, pour le moins alambiqué, la candidate Aïcha Errachid a dénoncé "cette ingérence flagrante et ce sabotage du libre choix des femmes par l'intimidation et l'incitation à s'abstenir de voter". Suivant la théorie de contre-feux, le "Cheikh" (!!) Ettatabaï a tempéré progressivement ses propos. Sans doute instruit par ceux qui lui versent ses salaires, il a affirmé qu'un mari n'avait pas le droit d'influencer le vote de sa femme. Un revirement explicable de la part d'un membre éminent de la communauté des théologiens de cours. On appréciera, pourtant, sur le registre du regard sur les femmes, la réaction de l'obédience chiite par la voix de Mohamed Baker Al-Mehri. Ce dernier considère, au départ, que la fetwa du doyen de la faculté de théologie "n'est pas conforme à l'esprit et à la lettre de l'Islam". Il dénie donc aux maris chiites (minoritaires hors foyer) du Koweït le droit de décider du vote de leurs femmes. Cependant, il croit devoir rappeler aux épouses, tentées de pavoiser, certaines réalités, à savoir : "L'Islam confère à l'homme certains droits sur son épouse, comme le droit de jouissance, l'obligation pour l'épouse de suivre son mari dans ses déplacements. Le mari peut également ne pas autoriser sa femme à sortir." L'interdiction de sortir sera-t-elle applicable le jour du vote ? La réponse est, bien entendu, laissée à l'appréciation du mari. Le terrain de la réconciliation est ainsi ouvert à tous les sunnites et chiites, misogynes ou presque. Dans un tel climat, on comprendra pourquoi l'écrivain libéral koweïtien n'est pas pressé de rentrer chez lui et préfère couler des "jours tranquilles" à Beyrouth. C'est le titre de sa chronique que publiait hier le quotidien Al-Siassa. Ahmed Baghdadi raconte la ville et ses dangers, celui des voitures et des engins piégés et la mort présente partout. Tout ceci pour conclure finalement qu'il y a un plus grand drame que la mort et c'est celui de la dignité outragée, la sienne en l'occurrence. C'est pour cela qu'il avoue se sentir beaucoup plus en sécurité à Beyrouth qu'au Koweït, son pays. Le Koweït où une condamnation pénale l'oblige à respecter la morale et l'ordre publics. En clair, il doit surveiller ses paroles et ses écrits jusqu'en 2008 sous peine d'aller en prison. Au Koweït, deux délinquants ont été récemment condamnés à la même peine mais pour une période moins longue, note amèrement Ahmed Baghdadi. Apparemment, notre ami koweïtien n'a pas entendu le fracas d'une autre guerre qui se livre actuellement à Beyrouth. Cette guerre est celle du "oua oua" et, contrairement à ce qu'elle suggère, la race canine n'y (5) est pas impliquée. Cette guerre sans victimes oppose une obscure chanteuse, Dominque Hourani, à son altesse sérénissime Haïfa Wahbi. La première reproche à la seconde de lui avoir volé "sa" chanson. Le "oua oua" appartient à tout le monde, a répliqué Haïfa Wahbi. Or, c'est cette dernière qui fait fureur actuellement avec son clip Bous el oua oua ( Embrasse le oua oua). J'ai écrit à plusieurs journaux libanais pour avoir la signification du mot "oua oua" mais c'est finalement sur un chat français que je l'ai trouvée. Merci à cette internaute libanaise pour avoir éclairé nos lanternes ! Le "oua oua", donc, c'est le mot enfantin pour dire la blessure, le "bobo". C'est là l'explication de la présence du petit enfant dans le clip de Haïfa qui incite à embrasser aussi bien l'écorchure au genou que la blessure du cœur. Dans la foulée, une poétesse libanaise s'est lancée dans la bagarre. Elle prétend elle aussi que le "oua oua" est un poème qu'elle a composé et déposé à l'office des droits d'auteur. Ce qui n'est pas très flatteur, vu que les paroles de la chanson servent juste de fond sonore aux évolutions de la fascinante Haïfa. C'est sans doute pour cette seule raison que des internautes tirent à boulets rouges sur la chanteuse et sur son clip. Le plus hypocrite est sans doute celui qui invoque la protection de l'enfance pour s'en prendre à Haïfa Wahbi. Il se dit même prêt à prendre la place du bébé mis en scène dans le clip. A la queue comme tout le monde ! Juste retour de manivelle, la guerre de Beyrouth s'est transposée en Syrie. Dans une grande avenue de Damas, la diffusion par hauts-parleurs de la chanson de Haïfa a provoqué un embouteillage monstre. Tous les automobilistes se sont arrêtés et sont descendus de voiture pour se trémousser au son de Bous el oua oua. Même le policier qui réglait la circulation s'est pris au jeu. Comme toujours, il s'est trouvé des grincheux pour crier au scandale. Et si on se mettait tous à embrasser le "oua oua" cet été? Nous avons de sérieuses raisons de le faire, non? A. H.
(1) J'ai finalement acheté cette maudite carte mais je me sens grugé.
(2) Un pays émergeant, c'est un pays qui peut sortir la tête hors de l'eau, de temps en temps, pour respirer. Le Koweït n'en est pas un malgré ses richesses, tous les autres aussi.
(3) L'ENTV ne l’a pas encore invité sur son plateau? Comme c'est curieux!
(4) Pauvres Koweïtiennes ! Dans le secret de l'isoloir, elles ont le choix entre le mensonge qui peut mener à l'enfer et la répudiation si elles disent la vérité à leurs maris. Ce sont des initiatives comme celles-ci qui provoquent une forte abstention féminine. (5) Juste pour expliquer à un certain confrère que même si le "Y" est l'avant dernière lettre de l'alphabet et qu'il faille l'utiliser de temps à autre par esprit de charité, il ne faut pas le faire n'importe comment.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/12/article.php?sid=39652&cid=8
Le temps restant quand même à l'orage, j'ai résolu de vous divertir plutôt que d'assombrir votre lundi avec des problèmes trop sérieux. Sérieux, les Koweïtiens ne le sont pas. Je veux parler de la male engeance du Koweït. Ces messieurs daignent relâcher, enfin, leur emprise sur les femmes. Ils leur accordent le droit de voter et d'être éligibles et le monde entier applaudit cette avancée spectaculaire dans un pays stagnant (2). Toutefois, et à deux semaines des législatives, les Koweïtiens se demandent si les Koweïtiennes ne vont pas, contrairement à eux, prendre leurs bulletins de vote au sérieux. Alors, ils leur cherchent des poux sous le hidjab. Ils ont pour cela un grand expert en la personne de Mohamed Ettatabaï (3), doyen de la faculté de théologie à Koweit City et grossiste en fetwas. La semaine dernière, il en a lancé une sur le marché qui a suscité autant d'engouement masculin que les cartes ART de tonton Salah. La fetwa, citée par Echarq-al-Awsat, proclame que "le vote de la femme mariée doit être conforme au choix de son mari même si son intention était de voter pour un candidat rejeté par son époux. Si ce dernier brandit la menace de la répudiation, celle-ci devient effective au cas où la femme voterait pour un candidat non agréé par son mari. Ceci, même si la désobéissance a été commise en secret (4) et n'a pas été portée à la connaissance du conjoint". Réagissant à ce texte, pour le moins alambiqué, la candidate Aïcha Errachid a dénoncé "cette ingérence flagrante et ce sabotage du libre choix des femmes par l'intimidation et l'incitation à s'abstenir de voter". Suivant la théorie de contre-feux, le "Cheikh" (!!) Ettatabaï a tempéré progressivement ses propos. Sans doute instruit par ceux qui lui versent ses salaires, il a affirmé qu'un mari n'avait pas le droit d'influencer le vote de sa femme. Un revirement explicable de la part d'un membre éminent de la communauté des théologiens de cours. On appréciera, pourtant, sur le registre du regard sur les femmes, la réaction de l'obédience chiite par la voix de Mohamed Baker Al-Mehri. Ce dernier considère, au départ, que la fetwa du doyen de la faculté de théologie "n'est pas conforme à l'esprit et à la lettre de l'Islam". Il dénie donc aux maris chiites (minoritaires hors foyer) du Koweït le droit de décider du vote de leurs femmes. Cependant, il croit devoir rappeler aux épouses, tentées de pavoiser, certaines réalités, à savoir : "L'Islam confère à l'homme certains droits sur son épouse, comme le droit de jouissance, l'obligation pour l'épouse de suivre son mari dans ses déplacements. Le mari peut également ne pas autoriser sa femme à sortir." L'interdiction de sortir sera-t-elle applicable le jour du vote ? La réponse est, bien entendu, laissée à l'appréciation du mari. Le terrain de la réconciliation est ainsi ouvert à tous les sunnites et chiites, misogynes ou presque. Dans un tel climat, on comprendra pourquoi l'écrivain libéral koweïtien n'est pas pressé de rentrer chez lui et préfère couler des "jours tranquilles" à Beyrouth. C'est le titre de sa chronique que publiait hier le quotidien Al-Siassa. Ahmed Baghdadi raconte la ville et ses dangers, celui des voitures et des engins piégés et la mort présente partout. Tout ceci pour conclure finalement qu'il y a un plus grand drame que la mort et c'est celui de la dignité outragée, la sienne en l'occurrence. C'est pour cela qu'il avoue se sentir beaucoup plus en sécurité à Beyrouth qu'au Koweït, son pays. Le Koweït où une condamnation pénale l'oblige à respecter la morale et l'ordre publics. En clair, il doit surveiller ses paroles et ses écrits jusqu'en 2008 sous peine d'aller en prison. Au Koweït, deux délinquants ont été récemment condamnés à la même peine mais pour une période moins longue, note amèrement Ahmed Baghdadi. Apparemment, notre ami koweïtien n'a pas entendu le fracas d'une autre guerre qui se livre actuellement à Beyrouth. Cette guerre est celle du "oua oua" et, contrairement à ce qu'elle suggère, la race canine n'y (5) est pas impliquée. Cette guerre sans victimes oppose une obscure chanteuse, Dominque Hourani, à son altesse sérénissime Haïfa Wahbi. La première reproche à la seconde de lui avoir volé "sa" chanson. Le "oua oua" appartient à tout le monde, a répliqué Haïfa Wahbi. Or, c'est cette dernière qui fait fureur actuellement avec son clip Bous el oua oua ( Embrasse le oua oua). J'ai écrit à plusieurs journaux libanais pour avoir la signification du mot "oua oua" mais c'est finalement sur un chat français que je l'ai trouvée. Merci à cette internaute libanaise pour avoir éclairé nos lanternes ! Le "oua oua", donc, c'est le mot enfantin pour dire la blessure, le "bobo". C'est là l'explication de la présence du petit enfant dans le clip de Haïfa qui incite à embrasser aussi bien l'écorchure au genou que la blessure du cœur. Dans la foulée, une poétesse libanaise s'est lancée dans la bagarre. Elle prétend elle aussi que le "oua oua" est un poème qu'elle a composé et déposé à l'office des droits d'auteur. Ce qui n'est pas très flatteur, vu que les paroles de la chanson servent juste de fond sonore aux évolutions de la fascinante Haïfa. C'est sans doute pour cette seule raison que des internautes tirent à boulets rouges sur la chanteuse et sur son clip. Le plus hypocrite est sans doute celui qui invoque la protection de l'enfance pour s'en prendre à Haïfa Wahbi. Il se dit même prêt à prendre la place du bébé mis en scène dans le clip. A la queue comme tout le monde ! Juste retour de manivelle, la guerre de Beyrouth s'est transposée en Syrie. Dans une grande avenue de Damas, la diffusion par hauts-parleurs de la chanson de Haïfa a provoqué un embouteillage monstre. Tous les automobilistes se sont arrêtés et sont descendus de voiture pour se trémousser au son de Bous el oua oua. Même le policier qui réglait la circulation s'est pris au jeu. Comme toujours, il s'est trouvé des grincheux pour crier au scandale. Et si on se mettait tous à embrasser le "oua oua" cet été? Nous avons de sérieuses raisons de le faire, non? A. H.
(1) J'ai finalement acheté cette maudite carte mais je me sens grugé.
(2) Un pays émergeant, c'est un pays qui peut sortir la tête hors de l'eau, de temps en temps, pour respirer. Le Koweït n'en est pas un malgré ses richesses, tous les autres aussi.
(3) L'ENTV ne l’a pas encore invité sur son plateau? Comme c'est curieux!
(4) Pauvres Koweïtiennes ! Dans le secret de l'isoloir, elles ont le choix entre le mensonge qui peut mener à l'enfer et la répudiation si elles disent la vérité à leurs maris. Ce sont des initiatives comme celles-ci qui provoquent une forte abstention féminine. (5) Juste pour expliquer à un certain confrère que même si le "Y" est l'avant dernière lettre de l'alphabet et qu'il faille l'utiliser de temps à autre par esprit de charité, il ne faut pas le faire n'importe comment.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/12/article.php?sid=39652&cid=8
Le liban aux deux visages
Le Liban est un Etat multiconfessionnel. Hormis l'état civil et la pratique religieuse, rien ne distinguait un Libanais chrétien d'un Libanais musulman, un sunnite d'un chiite. Le Liban était un vivier d'hommes de culture, comparé aux autres pays arabes. Les libertés individuelles, en particulier la liberté d'expression, n'étaient pas remises en cause au nom de la foi.
Le Liban vivait en paix jusqu'à ce que ses voisins arabes en décident autrement. Les Arabes sont comme ça: ils ne tolèrent pas que le voisin ou le parent festoie pendant qu'ils font carême. La solidarité arabe, c'est d'abord l'obligation de partager le malheur, en attendant un bonheur mythique. Le Liban était un pays de liberté avant que l'alliance de Téhéran et du "Mal de Damas" ne l'attaquent de l'intérieur. Au nom de la lutte contre Israël, le Hezbollah pro iranien et les agents syriens ont décrété le pays territoire conquis. Ils l'ont proclamé zone de guerre et en état d'urgence. Jusqu'ici, la liberté d'expression était tolérée à condition de ne pas trop répéter que : - Le Liban est un pays souverain occupé militairement et civilement par la Syrie. - Le Hezbollah est le cheval de Troie des mollahs iraniens au Liban. En échange, les journaux étaient libres d'écrire des pamphlets contre Assad. Il n'en a rien à cirer: le peuple est avec lui et il appartient à une minorité musulmane nourrie au despotisme "halal" (1). Les télévisions, elles, avaient toute latitude de diffuser des clips libertins et des "Stars académies" qui choquent les malveillants et libidineux vieillards voisins. Elles avaient accessoirement le droit de brocarder les hommes politiques locaux. C'est un peu ce que faisait la chaîne LBC (Lebanese Broadcasting Corporation). Dirigée par le maronite Pierre Daher, LBC est considérée comme une chaîne chrétienne, bien qu'elle ne dispense pas des cours de catéchisme. En revanche, elle exploite habilement le filon des Talk-shows et des émissions de jeu à succès. C'est ainsi que LBC a popularisé "Star Académy" que tous les Arabes (sauf quelques irréductibles comme les Algériens) suivent dans le secret de leurs alcôves. Pour ne rien gâter, la chaîne chrétienne est propriété à cinquante pour cent du Prince Walid Ben Talal. Comme quoi, point de contrainte en affaires pour cause de religion. Et c'est là qu'intervient l'ayatollah Nasrallah, chef suprême du Hezbollah, parti chiite qui a supplanté le mouvement Amal de Nabih Berri, trop embourgeoisé, dans les escarmouches sporadiques contre Israël. Nasrallah, c'est l'idole d'une jeunesse chiite qui explose là où elle peut. Il galvanise et il manipule les foules à sa guise, aidé en cela par une voix de stentor. Sur ce chapitre, et comparé à lui, notre Ali Benhadj ferait figure de capé d'une école de castrats. Ne pouvant le diviniser comme le fût Néron, pour raisons religieuses, les admirateurs de Nasrallah lui ont érigé un piédestal intermédiaire (Bayn al manzilataïne). Ne pouvant le traiter comme prophète, ils ont décrété comme le fit le poète pour le maître d'école, qu'il en avait la stature. La semaine dernière, une émission de la LBC a donc osé caricaturer le vénéré et infaillible chef du Hezbollah. Le résultat: vous l'avez vu sur tous les écrans. Contrairement aux manifestations anti-danoises, les fidèles de Nasrallah ont réagi avec une singulière promptitude pour venger l'offense. Des émeutiers déchaînés ont tout saccagé sur leur passage à Beyrouth. Ils ont tabassé deux ou trois chrétiens, dont le fils de l'ancien président Gemayel et ont failli brûler une église. Bien sûr, le chef est apparu sur sa télévision "Al- Manar" pour dire à ses ouailles:"Maintenant que vous avez extériorisé votre légitime colère, rentrez chez vous!". La démonstration de force était ample et suffisante. Avec contrition, la direction de la LBC a présenté ses excuses à Nasrallah et a juré de ne plus recommencer. Quant à une réaction de solidarité des chaînes, propriété du Prince Walid, ou des autres chaînes arabes, inutile d'épuiser les piles de vos télécommandes (2). C'est ainsi que ce vendredi 2 juin 2006, un nouvel attentat a été commis contre la liberté de la presse au Liban. C'est ce qui arrive quand des extrémistes chiites comme Nasrallah entrent dans l'arène politique tout en revendiquant l'immunité (Isma) due aux prophètes. Nasrallah, c'est le visage repoussant et inquiétant et là un des visages hideux de l'intégrisme chiite. En voici un autre qui impose respect et considération. C'est en quelque sorte l'anti-Nasrallah. Hani Fahs est membre du Haut conseil islamique chiite au Liban. Il a milité dans la résistance palestinienne et a vécu en Iran au début de la révolution khoméiniste. Universaliste, il a découvert le nationalisme iranien, ce qui l'a ramené vers ses racines et sa citoyenneté libanaises. Hani Fahs était l'invité, vendredi dernier, de l'émission de Turki Dakhil "Idha'ate" (Eclairages) sur la chaîne "Al-Arabia". Dans cette interview repiquée sur "Al-Arabia-Net", Hani Fahs expose ses idées sur ce Liban pluraliste et démocratique auxquels aspirent les Libanais. Il rappelle sa fameuse réplique selon laquelle "Un Liban sans les chrétiens est un Liban insipide. Il milite pour la présence des Maronites dans l'exercice du pouvoir. Et c'est ce Liban là, dit-il, que réclament aussi bien le cœur que la raison. C'est la société, avec ses intellectuels et ses penseurs, qui instaurent les règles d'une vie commune. L'Etat est là pour renforcer ces règles en se renforçant d'autant et il s'affaiblit en les affaiblissant. Evoquant les rapports entre l'Etat et la religion, Hani Fahs, homme de religion, refuse de se dire laïc mais il prône la distinction entre le politique et le religieux. Il refuse de mélanger Etat et religion. "L'Etat a sa place et la religion a la sienne. Ils ont chacun des champs de connaissance et d'action différents et complémentaires. Je ne veux pas que l'Etat produise de la religion et que la religion produise de l'Etat". Hani Fahs proclame son attachement à la liberté. "Je veux la liberté, répète-t-il, et la liberté n'est pas un danger pour la religion". A son interlocuteur qui objecte qu'il y a des libertés qui peuvent être importées, il réplique:"La liberté ne vient pas de l'étranger. La liberté n'est pas un virus importé de l'étranger. La liberté est une aspiration intrinsèque. J'ai besoin de liberté, je dois donc la pratiquer". Hani Fahs se prononce également pour l'allégeance à la patrie et non pas à la communauté religieuse. Interrogé, de ce fait, sur la situation en Irak, il estime que c'est la négligence des Arabes qui renforce l'influence iranienne dans ce pays. Au reproche qui lui est fait de prêcher la modération aux chiites des Emirats qui réclament plus de droits politiques, il répond:"Je préfère l'assurance d'exister que les avantages superflus de l'existence". En attendant, c'est Nasrallah qui remplit les stades et les places publiques où Hani Fahs n'a aucune chance d'être entendu. On peut se consoler en pensant qu'une poignée d'abeilles vaut mieux qu'un plein sac de mouches mais l'avantage reste toujours aux plus nombreux sous le ciel de Nasrallah. A. H.
(1) A propos de Alaouites, j'ai été surpris de voir l'un des théologiens attitrés de Assad, Ramadhan Al-Bouti, mobilisé avec Karadhawi pour défendre "l'Islam en danger en Kabylie"(sic). Avec de tels procédés, la Kabylie risque d'accepter en dix ans ce qu'elle a refusé en cent trente ans.
(2) On ne dira jamais assez le mal que fait TPS aux Algériens désireux d'échapper aux chaînes de l'ennui et de la torpeur. TPS, allié providentiel de l'insipide et du morbide et, surtout, TPS fossoyeur de la francophonie en Algérie. Amen !
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/06/05/article.php?sid=39319&cid=8
Le Liban vivait en paix jusqu'à ce que ses voisins arabes en décident autrement. Les Arabes sont comme ça: ils ne tolèrent pas que le voisin ou le parent festoie pendant qu'ils font carême. La solidarité arabe, c'est d'abord l'obligation de partager le malheur, en attendant un bonheur mythique. Le Liban était un pays de liberté avant que l'alliance de Téhéran et du "Mal de Damas" ne l'attaquent de l'intérieur. Au nom de la lutte contre Israël, le Hezbollah pro iranien et les agents syriens ont décrété le pays territoire conquis. Ils l'ont proclamé zone de guerre et en état d'urgence. Jusqu'ici, la liberté d'expression était tolérée à condition de ne pas trop répéter que : - Le Liban est un pays souverain occupé militairement et civilement par la Syrie. - Le Hezbollah est le cheval de Troie des mollahs iraniens au Liban. En échange, les journaux étaient libres d'écrire des pamphlets contre Assad. Il n'en a rien à cirer: le peuple est avec lui et il appartient à une minorité musulmane nourrie au despotisme "halal" (1). Les télévisions, elles, avaient toute latitude de diffuser des clips libertins et des "Stars académies" qui choquent les malveillants et libidineux vieillards voisins. Elles avaient accessoirement le droit de brocarder les hommes politiques locaux. C'est un peu ce que faisait la chaîne LBC (Lebanese Broadcasting Corporation). Dirigée par le maronite Pierre Daher, LBC est considérée comme une chaîne chrétienne, bien qu'elle ne dispense pas des cours de catéchisme. En revanche, elle exploite habilement le filon des Talk-shows et des émissions de jeu à succès. C'est ainsi que LBC a popularisé "Star Académy" que tous les Arabes (sauf quelques irréductibles comme les Algériens) suivent dans le secret de leurs alcôves. Pour ne rien gâter, la chaîne chrétienne est propriété à cinquante pour cent du Prince Walid Ben Talal. Comme quoi, point de contrainte en affaires pour cause de religion. Et c'est là qu'intervient l'ayatollah Nasrallah, chef suprême du Hezbollah, parti chiite qui a supplanté le mouvement Amal de Nabih Berri, trop embourgeoisé, dans les escarmouches sporadiques contre Israël. Nasrallah, c'est l'idole d'une jeunesse chiite qui explose là où elle peut. Il galvanise et il manipule les foules à sa guise, aidé en cela par une voix de stentor. Sur ce chapitre, et comparé à lui, notre Ali Benhadj ferait figure de capé d'une école de castrats. Ne pouvant le diviniser comme le fût Néron, pour raisons religieuses, les admirateurs de Nasrallah lui ont érigé un piédestal intermédiaire (Bayn al manzilataïne). Ne pouvant le traiter comme prophète, ils ont décrété comme le fit le poète pour le maître d'école, qu'il en avait la stature. La semaine dernière, une émission de la LBC a donc osé caricaturer le vénéré et infaillible chef du Hezbollah. Le résultat: vous l'avez vu sur tous les écrans. Contrairement aux manifestations anti-danoises, les fidèles de Nasrallah ont réagi avec une singulière promptitude pour venger l'offense. Des émeutiers déchaînés ont tout saccagé sur leur passage à Beyrouth. Ils ont tabassé deux ou trois chrétiens, dont le fils de l'ancien président Gemayel et ont failli brûler une église. Bien sûr, le chef est apparu sur sa télévision "Al- Manar" pour dire à ses ouailles:"Maintenant que vous avez extériorisé votre légitime colère, rentrez chez vous!". La démonstration de force était ample et suffisante. Avec contrition, la direction de la LBC a présenté ses excuses à Nasrallah et a juré de ne plus recommencer. Quant à une réaction de solidarité des chaînes, propriété du Prince Walid, ou des autres chaînes arabes, inutile d'épuiser les piles de vos télécommandes (2). C'est ainsi que ce vendredi 2 juin 2006, un nouvel attentat a été commis contre la liberté de la presse au Liban. C'est ce qui arrive quand des extrémistes chiites comme Nasrallah entrent dans l'arène politique tout en revendiquant l'immunité (Isma) due aux prophètes. Nasrallah, c'est le visage repoussant et inquiétant et là un des visages hideux de l'intégrisme chiite. En voici un autre qui impose respect et considération. C'est en quelque sorte l'anti-Nasrallah. Hani Fahs est membre du Haut conseil islamique chiite au Liban. Il a milité dans la résistance palestinienne et a vécu en Iran au début de la révolution khoméiniste. Universaliste, il a découvert le nationalisme iranien, ce qui l'a ramené vers ses racines et sa citoyenneté libanaises. Hani Fahs était l'invité, vendredi dernier, de l'émission de Turki Dakhil "Idha'ate" (Eclairages) sur la chaîne "Al-Arabia". Dans cette interview repiquée sur "Al-Arabia-Net", Hani Fahs expose ses idées sur ce Liban pluraliste et démocratique auxquels aspirent les Libanais. Il rappelle sa fameuse réplique selon laquelle "Un Liban sans les chrétiens est un Liban insipide. Il milite pour la présence des Maronites dans l'exercice du pouvoir. Et c'est ce Liban là, dit-il, que réclament aussi bien le cœur que la raison. C'est la société, avec ses intellectuels et ses penseurs, qui instaurent les règles d'une vie commune. L'Etat est là pour renforcer ces règles en se renforçant d'autant et il s'affaiblit en les affaiblissant. Evoquant les rapports entre l'Etat et la religion, Hani Fahs, homme de religion, refuse de se dire laïc mais il prône la distinction entre le politique et le religieux. Il refuse de mélanger Etat et religion. "L'Etat a sa place et la religion a la sienne. Ils ont chacun des champs de connaissance et d'action différents et complémentaires. Je ne veux pas que l'Etat produise de la religion et que la religion produise de l'Etat". Hani Fahs proclame son attachement à la liberté. "Je veux la liberté, répète-t-il, et la liberté n'est pas un danger pour la religion". A son interlocuteur qui objecte qu'il y a des libertés qui peuvent être importées, il réplique:"La liberté ne vient pas de l'étranger. La liberté n'est pas un virus importé de l'étranger. La liberté est une aspiration intrinsèque. J'ai besoin de liberté, je dois donc la pratiquer". Hani Fahs se prononce également pour l'allégeance à la patrie et non pas à la communauté religieuse. Interrogé, de ce fait, sur la situation en Irak, il estime que c'est la négligence des Arabes qui renforce l'influence iranienne dans ce pays. Au reproche qui lui est fait de prêcher la modération aux chiites des Emirats qui réclament plus de droits politiques, il répond:"Je préfère l'assurance d'exister que les avantages superflus de l'existence". En attendant, c'est Nasrallah qui remplit les stades et les places publiques où Hani Fahs n'a aucune chance d'être entendu. On peut se consoler en pensant qu'une poignée d'abeilles vaut mieux qu'un plein sac de mouches mais l'avantage reste toujours aux plus nombreux sous le ciel de Nasrallah. A. H.
(1) A propos de Alaouites, j'ai été surpris de voir l'un des théologiens attitrés de Assad, Ramadhan Al-Bouti, mobilisé avec Karadhawi pour défendre "l'Islam en danger en Kabylie"(sic). Avec de tels procédés, la Kabylie risque d'accepter en dix ans ce qu'elle a refusé en cent trente ans.
(2) On ne dira jamais assez le mal que fait TPS aux Algériens désireux d'échapper aux chaînes de l'ennui et de la torpeur. TPS, allié providentiel de l'insipide et du morbide et, surtout, TPS fossoyeur de la francophonie en Algérie. Amen !
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Ne cherchez pas à comprendre
Le vent de la réconciliation souffle partout entre les hommes de bonne volonté. On pourrait même dire qu'il décoiffe, ce vent, si les hidjabs ne poussaient pas, drus, sur son passage. Le père Noël réconciliateur en a plein sa hotte et aucun refus ne sera accepté. Réconciliateurs et éradicateurs sont enfin unis sous la bannière d'un Islam pur et dur, pourvoyeur de mandats multiples. Comme dans l'Irak de Hadjadj Ben Youssef, aucune tête ne doit dépasser, surtout si elle est féminine et que les cheveux sont visibles.Les laïcs frileux se cherchent une tenue plus seyante pour la période sans qu'ils aient besoin de retourner leurs vestes. On les voit déjà s'entraîner au "qamis" et au "Nisf-Essaq" (pantalon à mi-mollet) le vendredi. Il suffit d'un signal pour que ce soit vendredi tous les jours de la semaine. Désormais, un bon musulman s'apprécie à son accoutrement et à son enthousiasme pour la collectivisation des prières. La réconciliation, c'est encore la presse saoudienne qui fête le retour des prisonniers de Guantanamo comme des libérateurs. En attendant les locaux commerciaux et les pensions d'invalidité. Il nous restait un peu d'espoir avec nos voisins de l'est et de l'ouest mais il semble que là aussi tout soit joué. La Tunisie prospère, certes, mais à l'ombre d'un "Muawiyaa" plébiscité par toutes les chancelleries. Les droits de l'homme? Vous n'y pensez pas? Et d'ailleurs, les droits de l'homme, c'est un pléonasme dans le monde musulman. Ceux qui ont codifié notre religion ont tout prévu; alors, évitons de cogiter à leur place. Cessons de vouloir comprendre. "Ma thawasch tafhem" ! (Ne cherche pas à comprendre). C'est notre formule magique, celle par laquelle nos geôliers ont fermé les portes de l'Idjtihad. "Ma thawasch tafhem", c'est l'argument massue ou matraque de l'agent de police qui vous retire les papiers de votre voiture. C'est le premier article non écrit de toutes les constitutions à l'usage des potentats "démocratiques". Il faudra vous en souvenir lorsque vous irez voter pour la nouvelle Constitution. Chez nos amis marocains, l'espoir était encore plus grand et aussi bien entretenu par les médias d'outre-mer. Le nouveau roi a d'abord apporté quelques retouches libérales au statut de la femme. Par atavisme, les islamistes du coin ont élevé des protestations véhémentes tout en sachant que l'essentiel était sauvegardé. Ce mois-ci, la polémique a rebondi à l'occasion de la promotion de cinquante jeunes femmes en qualité de "mourchidates" (guides spirituelles, aumônières). Etait-ce un premier pas vers le droit pour les femmes de diriger la prière collective? Que non, a répliqué le ministre marocain des Affaires religieuses. Il n'y a pas et il n'y aura jamais de femmes-imams dans notre pays, a-til asséné. Et de refiler le brûlot au "Haut conseil scientifique (en théologie)", que préside le Roi Mohamed VI en personne. Samedi dernier, la "fetwa" a été proclamée et le Haut conseil a confirmé: aucune femme ne dirigera la prière sous le ciel du Maroc. A noter que la "fetwa" se réfère au rite malékite, pris lui aussi dans les turbulences de la réconciliation. Voilà les Marocaines rassurées sur leur avenir, à la veille de la fête de Mères. Le mouvement islamiste "Al-adl oual ihsane", présent au Parlement, qui a protesté contre la nomination des cinquante "mourchidates" pour la forme, n'a pas encore réagi. L'hebdomadaire "Al-Ahdath-Al- Maghribia" nous apprend, cependant, que ce parti a une conception particulière de la fonction parlementaire. La semaine dernière, les députés islamistes ont provoqué un chahut dans les travées pour empêcher le ministre, chargé des Relations avec le parlement, d'être entendu. La télévision a du interrompre la retransmission en direct de la séance qui a été levée, peu après, dans le désordre. Il s'agissait tout simplement d'empêcher l'orateur d'exposer le genre de questions écrites que posent les élus islamistes au gouvernement. Selon l'hebdomadaire marocain qui a interrogé le ministre chahuté, les questions posées au gouvernement relèvent surtout de l'intermédiation, du népotisme et du clientélisme. Il ne s'agit pas pour ces députés de contrôler le gouvernement mais d'obtenir des faveurs pour leurs proches ou pour leurs électeurs. On retrouve ainsi des questions tout à fait saugrenues comme celle du député Lahbib Shoubanide au ministre de la Justice. Il s'agit d'une femme qui se plaint de la dépravation des mœurs sexuelles de son mari qui accuse, en retour, son épouse d'infidélité. Le ministre de la Justice est sommé, aux termes de cette missive, de réhabiliter cette dame (!!!). On peut, évidemment, imaginer tous les scénarios possibles et imaginables, pour peu qu'on ait l'imagination un peu fertile. Mais souvenez-vous : évitez de trop chercher à comprendre. Et si vous cédez à la tentation, faîtes le en silence et en cachette, dans les règles de discrétion et de la "Hichma" (pudeur). C'est au nom de la "Hichma", d'ailleurs, que l'actrice égyptienne Hanane Turk a annoncé, à grand renfort de publicité, sa décision de porter le hidjab. Ce qui a amené notre confrère Mohamed Abderrahmane à se pencher, dans le magazine "Elaph", sur le phénomène du hidjab en milieu artistique. Il note d'abord l'ampleur exagérée des réactions par rapport au fait lui-même, en particulier sur les sites Internet. "Partout, on congratule et on félicite Hanane et les écrans des ordinateurs ont failli exploser en "you-you" à la lecture de la nouvelle. C'est comme si Hanane avait proclamé sa conversion à l'Islam, comme si le seul hidjab de Hanane signifiait la fin des problèmes de l'"oumma" et le triomphe de l'Islam.90% des admirateurs de l'actrice qui aimaient tous ses films, y compris les plus controversés, ont approuvé sa décision. L'effet troupeau (moutons de Panurge) a donc encore agi en plus du fait que chacun de ces admirateurs souhaitait que leur actrice préférée se mette sous hidjab, ainsi que toutes les autres. Ceci, pour une raison bien simple: de par leur nature, les Egyptiens ne peuvent pas dire non à toutes les formes de la pratique religieuse. C'est un point fondamental dans la relation que les Egyptiens ont eu, de tous temps, avec l'artiste. On ne peut pas nier que jusqu'à aujourd'hui, il y a des gens qui ne respectent pas l'artiste même s'ils vont le voir au cinéma. Il y en a qui applaudissent lorsque les artistes ont des problèmes et qui ne croient pas que les baisers échangés à l'écran soient du cinéma. Jusqu'à présent, il y en a qui n'admettent pas que la grande majorité des musulmans croient que le hidjab est une obligation même s'ils ne s'y soumettent pas. Nombreux sont ceux qui ont considéré le hidjab comme une victoire de l'Islam dans sa bataille contre l'Occident. A l'opposé, des insatisfaits ont brandi l'argument selon lequel la foi est une affaire de cour et non pas de coiffe sur les cheveux. Ils affirment que le hidjab constituait un retour en arrière pour l'Egypte. Comme si le pays était engagé dans un bond en avant et que la décision de Hanane avait brisé cette volonté de rénovation". Bref, un débat qui n'en finit pas même s'il tourne de plus en plus en faveur des islamo-hidjabistes. En ce qui la concerne, l'écrivaine saoudienne Ala Al-Hadhloul a tranché. Elle a provoqué un mini esclandre l'année dernière, au salon du livre de Ryadh, en refusant de se couvrir les cheveux. Dans une interview à "Elaph", elle raconte qu'au moment de la vente- dédicace de son roman, "Le suicide stipendié", un "cheikh" les a accostés, elle et sa sœur, en criant:" Dieu, bâillonne-les avec un bâillon de feu !". Tout ça, parce que les cheveux sont source de "fitna" à l'exclusion de tout le reste.A. H.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/29/article.php?sid=39027&cid=8
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Les nouvelles couleurs de l'Iran
Les peuples ont le dos large, c'est connu et on peut donc leur coller autant de choses qu'on veut. Des tyrans tyrannisent au nom du peuple, des injustices sont rendues aussi au nom du peuple. En son nom, on peut commettre autant d'excès que d'actions louables et souvent beaucoup plus. Il y a cependant des peuples qui ont le dos plus large que d'autres sans que l'anthropologie physique puisse l'expliquer.C'est le cas du peuple palestinien. Des dos larges comme ça, il n’y a qu'en Algérie qu'on peut trouver l'équivalent. Longtemps après que les Palestiniens auront fini de s'entretuer et qu'ils vivront à l'intérieur de frontières sûres et reconnues, ils porteront encore leur fardeau. A ce jeu préféré des Arabes du pourtour, les Palestiniens eux-mêmes se sont laissé prendre. C'est au nom du peuple palestinien que le porte-parole du Hamas Abou Zohri (d'après l'état civil salafiste) est allé collecter des fonds en Egypte. Ceux qui ont donné l'argent ont agi par solidarité avec la cause palestinienne et ça fait soixante ans que ça dure. Là où le bât blesse, en dépit du dos large et tanné, c'est qu'au retour vers Ghaza, le très médiatisé porte-parole, improvisé convoyeur de fonds, a été pris la main dans le sac. Il essayait de faire passer la somme rondelette de 650 000 euros sans les déclarer aux douaniers du poste frontière de Rafah. Les douaniers qui agissent, eux aussi, au nom du peuple palestinien, ont trouvé l'affaire suffisamment louche pour décider de saisir l'argent. Indigné, Abou Zohri a ameuté les milices du Hamas et a brandi son arme suprême : cet argent est destiné au peuple palestinien ! Ainsi donc, l’imperturbable représentant du Hamas voulait distribuer cet argent au peuple sans le déclarer au préalable. Il voulait faire une belle surprise au peuple et pratiquer envers lui la plus noble des charités, celle qui se fait de façon anonyme. Que cet argent ait été destiné à alimenter les caisses du Hamas pour parachever son coup d’Etat rampant n’est que pure spéculation. Le chef du gouvernement Hamas l’affirme : l’armée barbue qu’il est en train de mettre en place est destinée à rétablir l’ordre et la loi. Dans ce cas, pourquoi avoir attendu le voyage du président de l’Autorité palestinienne pour déployer les milices du Hamas ? C’est la question à laquelle toutes les chancelleries ont répondu : le Hamas veut prendre le pouvoir, tout le pouvoir, sans aucune perspective d’alternance. La guerre civile semble être inévitable et c’est le Hamas palestinien qui déclenche les premières escarmouches. En tout cas, les intentions du Hamas semblent suffisamment troubles pour que le quotidien Echarq-al-Awsat s’y intéresse cette semaine avec cette interrogation : "Zarqaoui en Palestine?" Sous la plume de Abderrahmane Errached, le quotidien saoudien de Londres rappelle que "depuis des années, Al-Qaïda invoque la cause palestinienne pour justifier ses attentats dans le monde sans, pour autant, tirer un seul coup de feu contre Israël ". Cependant, note le journal, des indices récents font état de la volonté du mouvement d'activer dans les territoires occupés. Le président palestinien lui-même a fait état de sa préoccupation devant l'arrivée d'éléments d'Al-Qaïda dans les territoires occupés. Cette semaine, des informations font état de l'entrée en clandestinité d'un activiste du Hamas connu pour ses accointances avec Al- Qaïda. Tout le monde mesure l'étendue du préjudice causé à tous les pays du monde arabe par les attentats terroristes d'Al- Qaïda, ajoute le quotidien. A l'exception de la Palestine qui a gardé un capital de sympathie intact au sein de la communauté internationale. S'il y a bien une chose que souhaite Israël, souligne Echarq-al-Awsat, c'est d'impliquer Al-Qaïda dans le conflit palestinien afin de tirer des bénéfices politiques et économiques de l'aversion que suscite Al-Qaïda dans le monde. Si le mouvement arrive en terre de Palestine, nous entrerons dans une période plus dangereuse que toutes celles que nous avons connues. Nous verrons des zarkaouistes tuer des Palestiniens sous prétexte qu'ils sont chrétiens ou qu'ils sont en relation avec des personnes ayant des divergences avec Al-Qaïda, tout comme en Irak. Israël s'assurera alors une présence plus durable dans les territoires occupés à moins qu'elle ne parvienne à une situation qui ferait d'elle une force d'appui à des parties palestiniennes victimes d'Al-Qaïda. Rappelant que beaucoup de gens au sein de l'Autorité palestinienne et en dehors d'elle accusent Hamas d'être le cheval de Troie d'Israël, le quotidien saoudien souligne que si ces accusations sont fondées, le mouvement palestinien finira sur la même voie. Le Hamas a-t-il besoin de jouer une carte perdante alors qu'il a gagné des élections et qu'il est arrivé au pouvoir par les urnes ?, interroge Echarq-al-Awsat avant de conclure : "Les divergences de Hamas avec le Fatah autour de l'exercice du pouvoir ne peuvent expliquer le recours à Al- Qaïda que si cette organisation a choisi de se suicider et de détruire la cause palestinienne." Ce qui est sûr, par contre, c'est que le conflit interpalestinien va faire gagner dix ans, si ce n'est plus, à Israël. Un délai qu’il mettra à profit pour imaginer de nouveaux moyens de gagner du temps. Comme de créer un nouveau Hamas, comme il l’a fait avec l’actuel. Tout cela sans perdre de vue les intérêts redessinés, morcelés, émiettés du peuple palestinien qui gardera tout de même l’intégrité de son dos sans que l’anthropologie y comprenne quoi que ce soit. En attendant, c'est l'Iran de Mahmoud Ahmadinedjad qui offre matière à réflexion, et à étonnement aussi, tant aux anthropologues qu'aux personnes moins bien intentionnées. Le président iranien s'efforce, en effet, de justifier tout le mal qu'on dit de lui. En fait, ce n'est pas l'Occident qui diabolise Ahmadinedjad, c'est Ahmadinedjad qui se fait l'apôtre le plus convaincu du démonisme. Sa dernière trouvaille : un uniforme unique pour tous les hommes et toutes les femmes d'Iran. Cet uniforme auquel le Parlement iranien vient d'apporter les dernières retouches, sera conforme aux canons islamiques et donc obligatoire. Quant aux minorités religieuses, elles devront s'habiller différemment des musulmans. Pour les juifs, on n'a pas cherché très loin, on s'est inspiré de ce bon vieux "cheikh" Hitler. Les juifs porteront donc du jaune, comme à l'époque du nazisme triomphant. Les chrétiens seront costumés en rouge et les zoroastriens seront autorisés à sortir en bleu. Du rouge et du bleu pour mettre en valeur le jaune ! Aucun uniforme, hormis sans doute le linceul, n'est exigé des athées qui se garderont bien de se délester du voile de la dissimulation. Il y a, d'autre part, une trouvaille dans cette loi puisqu'elle proscrit le port de la cravate qui renvoie à la croix, selon les législateurs. Il faut préciser que cette loi dormait déjà dans les cartons à projet du parlement depuis plusieurs années. L'ancien président Mohamed Khatami l'avait bloquée pour rester fidèle à son image de réformateur. Les partisans de Ahmadinedjad ont profité du climat de passion suscité par la bataille de l'Iran contre le reste du monde pour ressortir le projet. La loi votée n'est pas encore applicable tant qu'elle n'a pas été approuvée par le guide suprême de la révolution, Ali Khamanei. Les dirigeants arabes qui ont hurlé d'effroi devant le péril nucléaire iranien, pour être en phase avec Washington, observent un silence assourdissant devant ce racisme proclamé à la face du monde.A. H.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/22/article.php?sid=38715&cid=8
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Le Caire comme vous y serez
Des coiffeurs qui vous massacrent les cheveux jusqu’à les faire dresser en épi, ça existe. Il y a aussi des coiffeurs qui tiennent un état détaillé des mouvements plus ou moins licites du quartier. Des coiffeurs qui savent tout sur les mésaventures conjugales de l’imam du quartier, il y en a encore partout.
J’ai une certaine tendresse envers les coiffeurs, surtout depuis qu’ils se font trancher la gorge à Baghdad pour des histoires de cheveux coupés en quatre. Mais des coiffeurs tueurs à gages par conviction religieuse? C’est la preuve que tout peut arriver en… Egypte. C’est l’histoire de Ashraf Abderrahim Mohamed, coiffeur de profession et pratiquant inspiré. Il a été arrêté la semaine dernière devant un théâtre du Caire où se produisait le grand comédien Adel Imam. Au moment de son arrestation, il a affirmé qu’il était venu pour convaincre Adel Imam de revenir sur le droit chemin. Ashraf possédait, en effet, les ustensiles de la rédemption, en l’occurrence des opuscules religieux et des flacons d’acide sulfurique en guise d’eau bénite. A croire que l’alchimie des deux vous fait retrouver la voie du salut. Très vite l’enquête a montré que le coiffeur avait programmé trois autres cibles artistiques, en plus de Adel Imam. Il s’agit de Fifi Abdou, Shirine Seif Ennasr et Medhat Salah. Les victimes désignées devaient être seulement vaporisées à l’acide, ce qui a sans doute requis la qualification professionnelle du coiffeur.
Une faveur que la toujours belle Fifi Abdou aura sans doute appréciée. Fifi Abdou, ai-je besoin de le rappeler, est la danseuse par excellence. Il n’y a que Shakira qui peut rivaliser avec elle mais dans un tout autre registre. Fifi Abdou, qui a alimenté les rêves libidineux de deux générations d’émirs milliardaires, devait être la première, et pour cause. Comment Ashraf Abderrahim Mohamed est devenu un exécuteur stipendié de l’ardente foi ? Par la voie la plus sinueuse, celle qui vous échange un fauteuil de coiffeur contre une chaire de mosquée. Très inspiré, Ashraf a d’abord troqué sa condition contre celle de prédicateur et d’Imam (1). Il a ensuite rencontré un ancien fonctionnaire de l’Etat qui a complété sa formation "religieuse". Le théoricien l'aborde convaincu que l'art, sous toutes ses formes, était "haram". Il fallait donc recourir à la force pour redresser le tort que ces artistes causaient à la société. Le cerveau du complot avait promis à Ashraf 50.000 livres égyptiennes (6700 euros environ) pour chacune des cibles vitriolées. D'après le plan arrêté, Ashraf ne devait pas agir seul mais servir de comparse à un autre homme de main. Il avait touché 10.000 livres égyptiennes à titre d'avance pour l'attentat contre Fifi Abdou (2) et encaisser le reste de la somme après. Pour l'attentat projeté contre Fifi Abdou, notre coiffeur- imam avait la charge de conduire une moto avec l'exécutant principal comme passager. Ce dernier devait se déguiser en femme camouflée derrière un niqab et son conducteur habillé en policier. Une fois leur forfait accompli, ils auraient pris la fuite en moto puis en voiture.
Il semble, d'ailleurs, que ces projets d'attentat contre les artistes ont eu des retombées jusqu'au Liban. La chanteuse suave Haïfa Wahbi annonce au quotidien de Londres Al-Quds que son avenir est sous le hidjab. Classée par un magazine américain parmi les quatrevingt- dix plus belles femmes du monde, Haïfa déclare que ses déhanchements lascifs ne l'empêchent pas d'avoir des convictions religieuses. En foi de quoi, elle décrète qu'elle se mettra au hidjab incessamment sous peu, sans précision de date ou de… comptes en banques. Dans cette affaire, on sait ce que perdra le public masculin de Haïfa mais il faudra surtout évaluer les avantages qu'en tirera la religion. En attendant, la "trahison" de la vénus du Liban ne va pas améliorer le regard des Arabes sur le corps, en général et sur celui des femmes, en particulier. Notre confrère égyptien Khaled Mountassar se fait l'écho du curieux débat qui agite actuellement les écoles des beaux arts à propos des statues et des peintures de nus (3). Observateur lucide et acerbe de sa société, Khaled Mountassar se demande si la campagne contre la statuaire et certaines formes de peinture ne vont pas faire disparaître des pans entiers des beaux arts. Dans la foulée, il voit s'imposer à la longue une vision du monde imposée par Ben Laden. Celle qui divise le monde en deux camps, celui des croyants, le sien, et celui des athées, l'Occident en particulier. Khaled Mountassar cite le cas paradoxal de ce grand peintre égyptien dont la plupart des œuvres sont rejetées par les religieux et qui tient le même discours qu'eux à la télévision. Il dénonce, en particulier, ce délire narcissique qui consiste à dénier à l'Occident tout apport à la culture universelle. Parlant de ce peintre, Khaled Mountassar se dit abasourdi par les propos surréalistes qu'il tient sur l'Internet, considéré comme une invention diabolique de l'Occident (4). Pour mieux illustrer la démonstration, notre confrère cite un lecteur du Caire qui décrit l'état de régression auquel est parvenue la société égyptienne. Je vous en livre l'essentiel: "Les musulmans, rue Aziz Billah dans le quartier Zeïtoun, aujourd'hui, boivent de l'urine de chameau. Des cheikhs de la mosquée Aziz-Billah font de la réclame pour un Hadith selon lequel le Prophète recommandait aux musulmans de boire le lait et l'urine des chameaux. Des vendeurs s'installent dans la rue à même le sol et des passants leur achètent du lait et de l'urine mélangés pour traiter l'impuissance, l'hépatite C et l'ulcère d'estomac. Les prix atteignent jusqu'à 17 livres le flacon d'un litre de lait et l'urine est gratuite!!! Je vous invite Dr Khaled à visiter cette rue car j'ai de la peine à décrire cette catastrophe. Le lieu ressemble à un rassemblement de tribus des siècles passés. Tous les commerces se sont transformés en locaux où se vendent des cassettes extrémistes, des livres wahhabites, des niqab et des gants, etc. Tous les prêches de la mosquée sont des imprécations contre l'Occident chrétien et contre toutes les communautés musulmanes à l'exception de celle promise au salut. De gigantesques hauts-parleurs ont fait de la rue un enfer et le cheikh affirme que les femmes ont une intelligence réduite afin qu'elle soit en harmonie avec celle de leurs enfants. Je crains que la mosquée ne proclame un jour sa sécession avec l'Egypte. C'est l'anarchie au nom de la religion. Je laisse le soin de juger au ministre des Affaires religieuses et au ministre de la Santé." Fin de la missive. Est-il besoin d'ajouter que tout ceci se passe dans les quartiers du Caire et que toute ressemblance avec des scènes et des discours similaires ne peut être que le simple fait du hasard? Je confirme: c'est tout à fait par hasard que j'ai lu les articles cités. A. H.
(1) Pour les procédures de conquête des mosquées, évitez l’amateurisme et les charges d’éléphant du FIS. Privilégiez plutôt la démarche la plus efficace en entrant au gouvernement. Ensuite, il suffit de quelques coups de fil.
(2) D'aucuns trouveront que la somme promise est dérisoire pour une femme qui se vantait récemment d'être l'une des plus grosses contribuables de l'Egypte.
(3) Heureusement que nos Beaux-Arts à nous sont plus libéraux. Y sont seulement proscrits les baisers furtifs entre élèves de sexes opposés et la contestation. (4) Il faut être débile pour traiter d'invention diabolique l'arme principale de l'intégrisme.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/15/article.php?sid=38370&cid=8
J’ai une certaine tendresse envers les coiffeurs, surtout depuis qu’ils se font trancher la gorge à Baghdad pour des histoires de cheveux coupés en quatre. Mais des coiffeurs tueurs à gages par conviction religieuse? C’est la preuve que tout peut arriver en… Egypte. C’est l’histoire de Ashraf Abderrahim Mohamed, coiffeur de profession et pratiquant inspiré. Il a été arrêté la semaine dernière devant un théâtre du Caire où se produisait le grand comédien Adel Imam. Au moment de son arrestation, il a affirmé qu’il était venu pour convaincre Adel Imam de revenir sur le droit chemin. Ashraf possédait, en effet, les ustensiles de la rédemption, en l’occurrence des opuscules religieux et des flacons d’acide sulfurique en guise d’eau bénite. A croire que l’alchimie des deux vous fait retrouver la voie du salut. Très vite l’enquête a montré que le coiffeur avait programmé trois autres cibles artistiques, en plus de Adel Imam. Il s’agit de Fifi Abdou, Shirine Seif Ennasr et Medhat Salah. Les victimes désignées devaient être seulement vaporisées à l’acide, ce qui a sans doute requis la qualification professionnelle du coiffeur.
Une faveur que la toujours belle Fifi Abdou aura sans doute appréciée. Fifi Abdou, ai-je besoin de le rappeler, est la danseuse par excellence. Il n’y a que Shakira qui peut rivaliser avec elle mais dans un tout autre registre. Fifi Abdou, qui a alimenté les rêves libidineux de deux générations d’émirs milliardaires, devait être la première, et pour cause. Comment Ashraf Abderrahim Mohamed est devenu un exécuteur stipendié de l’ardente foi ? Par la voie la plus sinueuse, celle qui vous échange un fauteuil de coiffeur contre une chaire de mosquée. Très inspiré, Ashraf a d’abord troqué sa condition contre celle de prédicateur et d’Imam (1). Il a ensuite rencontré un ancien fonctionnaire de l’Etat qui a complété sa formation "religieuse". Le théoricien l'aborde convaincu que l'art, sous toutes ses formes, était "haram". Il fallait donc recourir à la force pour redresser le tort que ces artistes causaient à la société. Le cerveau du complot avait promis à Ashraf 50.000 livres égyptiennes (6700 euros environ) pour chacune des cibles vitriolées. D'après le plan arrêté, Ashraf ne devait pas agir seul mais servir de comparse à un autre homme de main. Il avait touché 10.000 livres égyptiennes à titre d'avance pour l'attentat contre Fifi Abdou (2) et encaisser le reste de la somme après. Pour l'attentat projeté contre Fifi Abdou, notre coiffeur- imam avait la charge de conduire une moto avec l'exécutant principal comme passager. Ce dernier devait se déguiser en femme camouflée derrière un niqab et son conducteur habillé en policier. Une fois leur forfait accompli, ils auraient pris la fuite en moto puis en voiture.
Il semble, d'ailleurs, que ces projets d'attentat contre les artistes ont eu des retombées jusqu'au Liban. La chanteuse suave Haïfa Wahbi annonce au quotidien de Londres Al-Quds que son avenir est sous le hidjab. Classée par un magazine américain parmi les quatrevingt- dix plus belles femmes du monde, Haïfa déclare que ses déhanchements lascifs ne l'empêchent pas d'avoir des convictions religieuses. En foi de quoi, elle décrète qu'elle se mettra au hidjab incessamment sous peu, sans précision de date ou de… comptes en banques. Dans cette affaire, on sait ce que perdra le public masculin de Haïfa mais il faudra surtout évaluer les avantages qu'en tirera la religion. En attendant, la "trahison" de la vénus du Liban ne va pas améliorer le regard des Arabes sur le corps, en général et sur celui des femmes, en particulier. Notre confrère égyptien Khaled Mountassar se fait l'écho du curieux débat qui agite actuellement les écoles des beaux arts à propos des statues et des peintures de nus (3). Observateur lucide et acerbe de sa société, Khaled Mountassar se demande si la campagne contre la statuaire et certaines formes de peinture ne vont pas faire disparaître des pans entiers des beaux arts. Dans la foulée, il voit s'imposer à la longue une vision du monde imposée par Ben Laden. Celle qui divise le monde en deux camps, celui des croyants, le sien, et celui des athées, l'Occident en particulier. Khaled Mountassar cite le cas paradoxal de ce grand peintre égyptien dont la plupart des œuvres sont rejetées par les religieux et qui tient le même discours qu'eux à la télévision. Il dénonce, en particulier, ce délire narcissique qui consiste à dénier à l'Occident tout apport à la culture universelle. Parlant de ce peintre, Khaled Mountassar se dit abasourdi par les propos surréalistes qu'il tient sur l'Internet, considéré comme une invention diabolique de l'Occident (4). Pour mieux illustrer la démonstration, notre confrère cite un lecteur du Caire qui décrit l'état de régression auquel est parvenue la société égyptienne. Je vous en livre l'essentiel: "Les musulmans, rue Aziz Billah dans le quartier Zeïtoun, aujourd'hui, boivent de l'urine de chameau. Des cheikhs de la mosquée Aziz-Billah font de la réclame pour un Hadith selon lequel le Prophète recommandait aux musulmans de boire le lait et l'urine des chameaux. Des vendeurs s'installent dans la rue à même le sol et des passants leur achètent du lait et de l'urine mélangés pour traiter l'impuissance, l'hépatite C et l'ulcère d'estomac. Les prix atteignent jusqu'à 17 livres le flacon d'un litre de lait et l'urine est gratuite!!! Je vous invite Dr Khaled à visiter cette rue car j'ai de la peine à décrire cette catastrophe. Le lieu ressemble à un rassemblement de tribus des siècles passés. Tous les commerces se sont transformés en locaux où se vendent des cassettes extrémistes, des livres wahhabites, des niqab et des gants, etc. Tous les prêches de la mosquée sont des imprécations contre l'Occident chrétien et contre toutes les communautés musulmanes à l'exception de celle promise au salut. De gigantesques hauts-parleurs ont fait de la rue un enfer et le cheikh affirme que les femmes ont une intelligence réduite afin qu'elle soit en harmonie avec celle de leurs enfants. Je crains que la mosquée ne proclame un jour sa sécession avec l'Egypte. C'est l'anarchie au nom de la religion. Je laisse le soin de juger au ministre des Affaires religieuses et au ministre de la Santé." Fin de la missive. Est-il besoin d'ajouter que tout ceci se passe dans les quartiers du Caire et que toute ressemblance avec des scènes et des discours similaires ne peut être que le simple fait du hasard? Je confirme: c'est tout à fait par hasard que j'ai lu les articles cités. A. H.
(1) Pour les procédures de conquête des mosquées, évitez l’amateurisme et les charges d’éléphant du FIS. Privilégiez plutôt la démarche la plus efficace en entrant au gouvernement. Ensuite, il suffit de quelques coups de fil.
(2) D'aucuns trouveront que la somme promise est dérisoire pour une femme qui se vantait récemment d'être l'une des plus grosses contribuables de l'Egypte.
(3) Heureusement que nos Beaux-Arts à nous sont plus libéraux. Y sont seulement proscrits les baisers furtifs entre élèves de sexes opposés et la contestation. (4) Il faut être débile pour traiter d'invention diabolique l'arme principale de l'intégrisme.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/15/article.php?sid=38370&cid=8
Les minarets réduits au numérique
J’ai appris incidemment la semaine dernière qu’un parti politique islamiste allait déposer un projet de loi favorisant la liberté de la presse. Effectivement, certains journaux ont confirmé la nouvelle. Le parti du MSP-Hamas, qui se dit démocratique, imperméable à la corruption (1), tolérant et tout et tout, s’est pris à aimer les journalistes.
Ce parti de la coalition gouvernementale veut faire voter à l’APN un texte proscrivant la prison pour les journalistes. Mais comme nous sommes au pays des ventes concomitantes et que ces gens-là avancent toujours masqués. L'astuce, cousue de fil blanc, consiste à unir dans un même package les journalistes et les imams. Prêches virulents et éditos au vitriol seront désormais traités sur un pied d'égalité. Journalistes et imams, unis dans un même combat pour la liberté d'expression. Il n'y a qu'en Algérie que de telles associations sont envisageables. Pourquoi pas, me suis-je dit, nous avons bien été unis aux traducteurs et aux interprètes au temps du parti unique (2). Un syndicat regroupant des journalistes et des imams n'est pas une idée aussi absurde. Elle aurait l'avantage d'empêcher les imams d'excommunier les journalistes. Ces derniers, à leur tour, écouteraient sans broncher les imams glorifiant la bombe atomique iranienne et annonçant la chute d'Israël. C'est dans l'air du temps (3) et ça permet d'être bien vu. Il faut juste prendre en considération le fait qu'il ne s'agit pas juste d'interdire la prison aux journalistes mais d'assurer l'impunité aux imams. C'est la première conclusion s'agissant d'un parti lorgnant les mosquées avec le même appétit que le FIS à la veille des législatives de 1991.
La deuxième conclusion s'énonce d'elle-même quand on évoque l'attitude actuelle de la mouvance islamiste à l'égard de la presse dans certains pays arabes comme le Bahreïn. Dans cet émirat très riche et aussi très libéral, par endroits, la liberté de la presse est sérieusement contestée. Cible principale des attaques islamistes, le quotidien Al Ayam peine à susciter autour de lui l'élan de solidarité qu'on voit en Europe, en de semblables circonstances. Al Ayam n'est pourtant pas un journal laïc prônant la séparation du religieux et du politique. Il proclame à tout bout de colonne son attachement aux traditions religieuses et à la famille régnante. Dans ce cadre assez étriqué, Al Ayam s'efforce de s'ouvrir à la raison et à l'esprit critique, version wahhabisme réformé. Voici ce qu'il dit à propos de ce qu'il appelle la crise du hidjab : “C'est une nouvelle crise qui s'ajoute à notre longue chaîne de crises. Nous la gérons, soit comme une boule de feu qui mord et brûle ceux qui l'approchent, soit comme une boule de neige. Nous poussons celle-ci et elle grandit, au fur et à mesure, jusqu'à constituer un mur de glace infranchissable. Ce mur nous empêche de choisir un autre chemin et de voir que le hidjab est un choix personnel et non pas un ensemble de commandements assortis de mesures coercitives. Nous découvrons alors que nous sommes face à des chaînes d'interdits qui sont des verrous non seulement pour les femmes mais pour toute la société, désormais soumise à des règles dictées par un hidjab mental. C'est ce hidjab mental qui a imposé son rideau de fer à certains esprits qui ont inventé des hidjabs innombrables à la société.” Enchaînant sur la “loi sur la pudeur”, votée par le Parlement bahreïni, Al Ayamajoute : “Ce sont ces esprits qui ont fabriqué la crise du hidjab et pour finir la crise de la pudeur, les vêtements pudiques et la loi sur la pudeur. La loi la plus étonnante et la plus étrange qui soit dans le monde. La loi sur la pudeur est, en définitive, partie intégrante de la loi du plus fort imposée au plus faible, sans autre souci de savoir si le plus fort est un savant ou un ignorant.” De tels propos ont de quoi susciter l'ire islamiste mais il faut surtout considérer la dénonciation par Al Ayam de certains actes de corruption impliquant des partis religieux. La Tribune nationale islamique, branche bahreïnie du mouvement des Frères musulmans, est le principal instigateur de cette campagne, relayée par certaines mosquées. Elle rappelle les philippiques du FIS contre les journalistes, suivies d'assassinats de membres de la corporation.
L'objectif est le même : réduire au silence les adversaires potentiels, que ce soit par l'intimidation ou par l'élimination physique. Un autre mouvement Al Assala (l'authenticité) s'est joint à la campagne mais semblait, ces derniers temps, effrayé par l'enjeu. Il a désavoué un de ses responsables, auteur de propos incendiaires contre la presse en général et contre le quotidien Al Ayam, en particulier.
Le débat sur le hidjab, relancé par les récentes fetwas de Hassan Tourabi, est analysé sous un autre angle par notre confrère Nabil Charef Eddine du magazine Elaph. Le journaliste égyptien raconte le cas d'une consoeur qui s'est convertie au hidjab. Sans s'appesantir sur les motivations de la journaliste Cherry, jeune femme ouverte et sans complexes, il raconte surtout sa transformation. “Ce qui est frappant, dit-il, c'est le changement profond intervenu chez Cherry. Elle est devenue plus maussade et moins heureuse de vivre. Le pire c'est qu'elle s'est mise à faire sienne la "théorie du complot" à tout bout de champ. Elle est ainsi convaincue, sans supporter la moindre contradiction, que ce sont les Juifs qui ont commis les attentats du 11 septembre. Ce sont eux aussi qui sont derrière les explosions du Sinaï, de Londres et de Madrid et ils sont probablement responsables du trou dans la couche d'ozone.” Comme quoi, la passerelle entre un journaliste et un imam n'est pas si difficile à établir dans ces sphères idéologiques et culturelles. Une très bonne nouvelle, en revanche, pour les habitants du Caire : dans un an ou deux, ils seront réveillés au petit matin par un seul appel à la prière. Comme les muezzins ne peuvent pas régler leurs montres pour lancer leur adhan à une heure précise, il a fallu recourir à la technologie. Après une période d'essai raisonnable qui sera mise à profit pour réduire les réticences, Le Caire se mettra au minaret unique. Un appel préenregistré, et un seul, sera diffusé à l'heure dite pour tous les habitants de la capitale égyptienne. Comme les Egyptiens ont du goût, les plus belles voix de muezzins seront sélectionnées pour éveiller les Cairotes sans les faire sursauter et sans écorcher leurs oreilles. Un unique appel, prodigué par une voix unique et agréable à entendre, surtout. Les voix de crécelles ne seront plus admises et les quintes de toux prohibées. La révolution numérique aura finalement raison de la discordance des minarets. Le Caire va faire ses adieux à la cacophonie engendrée par des milliers d'appels étalés parfois sur dix à quinze minutes. Vous réalisez, amis algérois, ce que cette initiative représente pour vous. Si tout se passe bien, et comme nous sommes les suivants de ceux qui suivent, il y a de fortes chances pour que vos aurores soient plus gaies. Pour cela, il faut évidemment que l’affaire mette moins de temps à aboutir que celle du métro d’Alger, comparée à la même réalisation au Caire (4). La chance est encore avec nous puisque nous ne sommes pas obligés d’avoir un prix Nobel de littérature. A. H.
(1) Si c'est une façon de nous dire qu'ils viennent d'une autre planète, nous les croyons volontiers.
(2) A l'époque, j'avais timidement suggéré que les journalistes soient associés aux sourds et muets au sein d'une même organisation. (3) C'est aussi dans l'air du temps que certains clips musicaux, disons provocants, disparaissent au profit de resucées de champs religieux comme Talaa al badrou alayna. (4) Si mes souvenirs sont bons, le premier métro du Caire a été ouvert en 1987.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/08/article.php?sid=38058&cid=8
Ce parti de la coalition gouvernementale veut faire voter à l’APN un texte proscrivant la prison pour les journalistes. Mais comme nous sommes au pays des ventes concomitantes et que ces gens-là avancent toujours masqués. L'astuce, cousue de fil blanc, consiste à unir dans un même package les journalistes et les imams. Prêches virulents et éditos au vitriol seront désormais traités sur un pied d'égalité. Journalistes et imams, unis dans un même combat pour la liberté d'expression. Il n'y a qu'en Algérie que de telles associations sont envisageables. Pourquoi pas, me suis-je dit, nous avons bien été unis aux traducteurs et aux interprètes au temps du parti unique (2). Un syndicat regroupant des journalistes et des imams n'est pas une idée aussi absurde. Elle aurait l'avantage d'empêcher les imams d'excommunier les journalistes. Ces derniers, à leur tour, écouteraient sans broncher les imams glorifiant la bombe atomique iranienne et annonçant la chute d'Israël. C'est dans l'air du temps (3) et ça permet d'être bien vu. Il faut juste prendre en considération le fait qu'il ne s'agit pas juste d'interdire la prison aux journalistes mais d'assurer l'impunité aux imams. C'est la première conclusion s'agissant d'un parti lorgnant les mosquées avec le même appétit que le FIS à la veille des législatives de 1991.
La deuxième conclusion s'énonce d'elle-même quand on évoque l'attitude actuelle de la mouvance islamiste à l'égard de la presse dans certains pays arabes comme le Bahreïn. Dans cet émirat très riche et aussi très libéral, par endroits, la liberté de la presse est sérieusement contestée. Cible principale des attaques islamistes, le quotidien Al Ayam peine à susciter autour de lui l'élan de solidarité qu'on voit en Europe, en de semblables circonstances. Al Ayam n'est pourtant pas un journal laïc prônant la séparation du religieux et du politique. Il proclame à tout bout de colonne son attachement aux traditions religieuses et à la famille régnante. Dans ce cadre assez étriqué, Al Ayam s'efforce de s'ouvrir à la raison et à l'esprit critique, version wahhabisme réformé. Voici ce qu'il dit à propos de ce qu'il appelle la crise du hidjab : “C'est une nouvelle crise qui s'ajoute à notre longue chaîne de crises. Nous la gérons, soit comme une boule de feu qui mord et brûle ceux qui l'approchent, soit comme une boule de neige. Nous poussons celle-ci et elle grandit, au fur et à mesure, jusqu'à constituer un mur de glace infranchissable. Ce mur nous empêche de choisir un autre chemin et de voir que le hidjab est un choix personnel et non pas un ensemble de commandements assortis de mesures coercitives. Nous découvrons alors que nous sommes face à des chaînes d'interdits qui sont des verrous non seulement pour les femmes mais pour toute la société, désormais soumise à des règles dictées par un hidjab mental. C'est ce hidjab mental qui a imposé son rideau de fer à certains esprits qui ont inventé des hidjabs innombrables à la société.” Enchaînant sur la “loi sur la pudeur”, votée par le Parlement bahreïni, Al Ayamajoute : “Ce sont ces esprits qui ont fabriqué la crise du hidjab et pour finir la crise de la pudeur, les vêtements pudiques et la loi sur la pudeur. La loi la plus étonnante et la plus étrange qui soit dans le monde. La loi sur la pudeur est, en définitive, partie intégrante de la loi du plus fort imposée au plus faible, sans autre souci de savoir si le plus fort est un savant ou un ignorant.” De tels propos ont de quoi susciter l'ire islamiste mais il faut surtout considérer la dénonciation par Al Ayam de certains actes de corruption impliquant des partis religieux. La Tribune nationale islamique, branche bahreïnie du mouvement des Frères musulmans, est le principal instigateur de cette campagne, relayée par certaines mosquées. Elle rappelle les philippiques du FIS contre les journalistes, suivies d'assassinats de membres de la corporation.
L'objectif est le même : réduire au silence les adversaires potentiels, que ce soit par l'intimidation ou par l'élimination physique. Un autre mouvement Al Assala (l'authenticité) s'est joint à la campagne mais semblait, ces derniers temps, effrayé par l'enjeu. Il a désavoué un de ses responsables, auteur de propos incendiaires contre la presse en général et contre le quotidien Al Ayam, en particulier.
Le débat sur le hidjab, relancé par les récentes fetwas de Hassan Tourabi, est analysé sous un autre angle par notre confrère Nabil Charef Eddine du magazine Elaph. Le journaliste égyptien raconte le cas d'une consoeur qui s'est convertie au hidjab. Sans s'appesantir sur les motivations de la journaliste Cherry, jeune femme ouverte et sans complexes, il raconte surtout sa transformation. “Ce qui est frappant, dit-il, c'est le changement profond intervenu chez Cherry. Elle est devenue plus maussade et moins heureuse de vivre. Le pire c'est qu'elle s'est mise à faire sienne la "théorie du complot" à tout bout de champ. Elle est ainsi convaincue, sans supporter la moindre contradiction, que ce sont les Juifs qui ont commis les attentats du 11 septembre. Ce sont eux aussi qui sont derrière les explosions du Sinaï, de Londres et de Madrid et ils sont probablement responsables du trou dans la couche d'ozone.” Comme quoi, la passerelle entre un journaliste et un imam n'est pas si difficile à établir dans ces sphères idéologiques et culturelles. Une très bonne nouvelle, en revanche, pour les habitants du Caire : dans un an ou deux, ils seront réveillés au petit matin par un seul appel à la prière. Comme les muezzins ne peuvent pas régler leurs montres pour lancer leur adhan à une heure précise, il a fallu recourir à la technologie. Après une période d'essai raisonnable qui sera mise à profit pour réduire les réticences, Le Caire se mettra au minaret unique. Un appel préenregistré, et un seul, sera diffusé à l'heure dite pour tous les habitants de la capitale égyptienne. Comme les Egyptiens ont du goût, les plus belles voix de muezzins seront sélectionnées pour éveiller les Cairotes sans les faire sursauter et sans écorcher leurs oreilles. Un unique appel, prodigué par une voix unique et agréable à entendre, surtout. Les voix de crécelles ne seront plus admises et les quintes de toux prohibées. La révolution numérique aura finalement raison de la discordance des minarets. Le Caire va faire ses adieux à la cacophonie engendrée par des milliers d'appels étalés parfois sur dix à quinze minutes. Vous réalisez, amis algérois, ce que cette initiative représente pour vous. Si tout se passe bien, et comme nous sommes les suivants de ceux qui suivent, il y a de fortes chances pour que vos aurores soient plus gaies. Pour cela, il faut évidemment que l’affaire mette moins de temps à aboutir que celle du métro d’Alger, comparée à la même réalisation au Caire (4). La chance est encore avec nous puisque nous ne sommes pas obligés d’avoir un prix Nobel de littérature. A. H.
(1) Si c'est une façon de nous dire qu'ils viennent d'une autre planète, nous les croyons volontiers.
(2) A l'époque, j'avais timidement suggéré que les journalistes soient associés aux sourds et muets au sein d'une même organisation. (3) C'est aussi dans l'air du temps que certains clips musicaux, disons provocants, disparaissent au profit de resucées de champs religieux comme Talaa al badrou alayna. (4) Si mes souvenirs sont bons, le premier métro du Caire a été ouvert en 1987.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/08/article.php?sid=38058&cid=8
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