jeudi 30 novembre 2006

Cet obscur objet de fixation

Est-il naturel que la religion soit réduite au hidjab ? Est-ce qu'il est naturel que nous accordions au couvre chef de la femme musulmane plus d'importance que la prière, le jeûne et le respect d'une saine morale ? Est-il normal que le hidjab soit devenu la préoccupation majeure de la société et le point axial du débat entre les gens et dans les médias ? Est-ce qu'il est normal que les jeunes filles et les dames qui ne portent pas le hidjab soient soumises à une terrible guerre psychologique et à des humiliations dans la rue algérienne ?" "Si nous sommes d’accord pour dire que le port du hidjab est une affaire de liberté personnelle, il nous faut admettre que les pratiques qui entourent la question contredisent la notion de liberté et la notion même de personne avec.
Il y a un climat qui prédomine dans la rue, les universités et sur les lieux de travail et qui fait du port du hidjab un symbole de vertu. Ce qui signifie que la moralité et le comportement de celle qui ne met pas le hidjab sont sujets à caution. "A partir de là des milliers de jeunes filles sont victimes d'attaques agressives et de conseils assortis de menaces lorsqu'elles sortent de chez elles, têtes nues. Et tout ceci contredit les principes de tolérance de l'Islam tels que le verset divin qui proscrit la contrainte en religion ou encore le Hadith prophétique qui affirme : "Dieu ne vous juge pas à votre image et à votre apparence mais Dieu vous juge selon votre cœur et selon vos actes." "Or, depuis quelque temps, on entend parler d'un prêcheur qui s'est juré de mettre sous hidjab toutes les femmes d'Algérie, mariées ou célibataires. Nous voyons aussi dans les universités, les rues et même dans les voitures de métro des affiches qui appellent au port du hidjab et promettent malheurs et calamités à celles qui n'obtempéreraient pas. Cette fixation étrange sur la question du hidjab suscite la perplexité, voire la suspicion. Qu'y a-t-il donc derrière ces comportements récurrents et tellement opiniâtres ? "Si nous mettons ces comportements sur le compte d'une volonté farouche de faire appliquer les prescriptions religieuses, ce qui est un objectif estimable, nous devons rappeler que l'Islam nous appelle, en priorité à la prière, au jeûne et à l'observance d'une saine morale. L'Islam incite chaque individu à agir dans l'intérêt général et à rejeter le mensonge et l'hypocrisie. Ceux qui placent le hidjab au sommet de leurs préoccupations premières tiennent- ils compte de toutes ces prescriptions qui sont, de loin, plus importantes que le hidjab ? "On raconte aussi que des actrices se sont vu promettre de grosses sommes d'argent et des avantages énormes en contrepartie du port du hidjab. Que cela soit vrai ou pas, nous sentons ces jours-ci que le problème du hidjab est devenu la cause première des hommes et des femmes du monde arabe. C'est comme si nous étions engagés dans une guerre sainte que nous gagnerons lorsque toutes nos femmes porteront le hidjab. "Récemment, une star de cinéma à la carrière brillante et prometteuse (1) s'est convertie au hidjab. Personnellement, je respecte sa décision mais je dois dire quel a été mon étonnement de voir l'ampleur des manifestations de joie et d'extase qui ont accueilli ce geste. On aurait cru avoir gagné une bataille décisive contre l'ennemi. Pourquoi tout ceci et comment en sommes-nous arrivés là? "Il est sûr que le complexe vis-à-vis de la femme joue un grand rôle dans les sociétés arabes mais il y a une autre explication beaucoup plus inquiétante et en rapport avec notre situation actuelle. Il y a, en effet, derrière cet acharnement suspect à mettre en avant le hidjab des parties qui s'emploient à instrumentaliser la religion pour des objectifs politiques. Ces groupes exploitent le sujet de la propagation du hidjab pour donner l'illusion qu'ils contrôlent les consciences des gens mieux que ne le fait le gouvernement avec ses médias et ses institutions culturelles. Le hidjab est leur démonstration de force dans la rue algérienne et arabe et c'est un symbole de leur présence au sein de la société. "Il est évident que toutes les femmes en hidjab ne sont pas des extrémistes et qu'elles n'ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec la politique. Cependant, ce serait tomber dans le piège que d'ignorer le lien qu'il y a entre cet acharnement douteux sur le hidjab et sa signification politique qui me semble être la plus importante et la plus dangereuse. "Ma conviction est que l'Algérie est un objectif. Je ne doute pas un seul instant qu'il y a là des intérêts externes et internes qui voudraient que l'on gaspille notre énergie dans des questions de forme et qu'on laisse l'essentiel aux peuples avancés." Ce que vous venez de lire n'a pas paru dans un journal arabophone algérien (2), ce que je déplore. J'ai utilisé un petit subterfuge que vous me pardonnerez, je l'espère, en prenant la liberté de substituer l'Algérie à l'Egypte dans le texte qui précède. Il s'agit, en réalité, d'un commentaire de Cherif Choubachi, un des chroniqueurs attitrés du quotidien cairote Al-Ahram. Les faits et les situations décrites pourraient avoir pour cadre n'importe quel pays arabe et, a fortiori, l'Algérie. C'est ici que des refoulés agressent les femmes qui ne répondent pas à leurs avances par des injonctions du genre: "Assatri rouhak". Autrement dit, cache ta beauté à mes yeux de crainte que je ne puisse maîtriser mes sens. Une situation que résume, d'ailleurs, ironiquement la chanteuse indonésienne, Anguun, en ces termes : "En Indonésie, nous portons le hidjab pour protéger l'homme contre ses bas instincts. Ce qui démontre la supériorité de la femme sur l'homme." L'expansion du hidjab, cet obscur objet de fixation, la généralisation des prières "djahr" à micros ouverts (3) ne sont que les prémices de la société formatée aux normes wahhabites. La transformation des fêtes joyeuses de jadis en veillées sépulcrales serait la cerise sur le gâteau, en quelque sorte. On peut avoir un avant-goût des ces sociétés en observant les récents évènements du Koweït. Voilà un pays où presque toutes les femmes sont aux normes islamistes : hidjab, niqab et tout l'arsenal du camouflage. On leur dit que c'est pour être conformes à la religion. Une fois "hidjabisées", on leur ferme les portes du Parlement par des élections "propres et honnêtes". Vous me direz : "Mais à qui la faute si des femmes ont voté pour des hommes et non pas pour les candidates du même sexe qu'elles ?" C'est justement la question que je me suis toujours posée et, comme à chaque référendum, les réponses féminines ne sont jamais conformes à l'idéal démocratique. Serait-ce que le naturel féminin arabe est d'être proie et non pas d'être chasseur ? A. H.


(1) Il s'agit, pour les non initiés, de l'actrice égyptienne Hanane Turc qui donne notamment la réplique à Kadhem Essahr dans le clip vidéo "Ahibbini" (Aime-moi). Quand on a vu Hanane Turc et entendu parler de ses problèmes financiers, on peut dire que le hidjab est arrivé à point. Reste à savoir s'il y a un chèque à la clé.

(2) Je pense que pour déterminer, aujourd'hui, la ligne éditoriale d'un journal algérien arabophone, il faut lire ses pages religieuses. L'empreinte du salafisme y est plus que présente, pesante même. Quant à la presse francophone, elle oscille, à de rares exceptions près, entre une laïcité honteuse et un islamisme d'opportunité.

(3) Je vous parie le dernier clip de Shakira contre une cassette de Sendoussi que le premier quidam interrogé vous dira que c'est normal, au cas où il y aurait des doutes sur la religion officielle du pays.
Le soir d'Algérie Ahmed Alli http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/07/03/article.php?sid=40637&cid=8

1 commentaire:

Anonyme a dit…

salem comment tu vas moi bien tu paeu men dire plus sur les objet algerienne pour prier moi je suis interesser alor tu pe men dire plus merci on pourra faire connaissance